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Guerre

En Ukraine, le commandant en chef des armées Valeri Zaloujny débarqué par Volodymyr Zelensky

Adulé en Ukraine pour avoir mené à bien la défense du pays contre l’invasion russe, Valeri Zaloujny a été remplacé ce jeudi 8 février. Il entretenait une relation de plus en plus tendue avec le chef de l’Etat, du fait notamment de l’échec de la contre-offensive engagée cet été.
Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valeri Zaloujny assiste à un événement commémoratif à l'occasion du premier anniversaire de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, à Kyiv, le 24 février 2023. (Ukrainian Presidential Press Office/AP)
publié le 8 février 2024 à 19h06
(mis à jour le 8 février 2024 à 19h07)

Son poste semblait menacé depuis plusieurs mois, au gré des polémiques et des retards accumulés par la contre-offensive contre les troupes russes qu’il avait engagée l’été dernier. Ce jeudi 8 février, le ministère de la Défense ukrainien a décidé de mettre au fin aux fonctions de commandant en chef des armées du très populaire Valeri Zaloujny. «J’ai rencontré le général Valeri Zaloujny. Je l’ai remercié pour les deux années passées à défendre l’Ukraine. Nous avons parlé des changements dont les forces armées ont besoin. Nous avons aussi discuté de qui pourrait faire partie d’un commandement renouvelé des forces armées de l’Ukraine. Le temps du renouveau, c’est maintenant», a expliqué sur le réseau social X le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il a ajouté qu’il avait proposé au militaire de 50 ans de «rester dans l’équipe», sans préciser à quel poste.

Adulé en Ukraine où il est devenu un symbole de la détermination de la population à défendre le pays face à l’invasion russe, Valeri Zaloujny a cependant vu ces derniers mois sa relation avec la présidence se tendre, particulièrement depuis l’échec de la grande contre-offensive estivale qui n’a pas abouti à la libération des territoires du sud et de l’est envahis l’année précédente. Le général a notamment agacé par sa franchise, reconnaissant en novembre 2023 dans une interview au magazine The Economist, que la guerre s’enfonçait dans une «impasse» et qu’il n’y aurait donc «probablement pas de magnifique percée». Il semblait ainsi enterrer dans l’immédiat l’ambition de libérer les 20 % du territoire ukrainien occupé par la Russie, affichée par l’exécutif.

Rumeurs et contre-rumeurs sur un limogeage

Ces dernières semaines, le chef de l’Etat et le commandant en chef des armées avaient aussi affiché leur désaccord sur l’épineux sujet de la mobilisation de centaines de milliers d’hommes pour remplir les rangs décimés lors de la contre-offensive, mais aussi pour relayer les vétérans, épuisés par deux ans sur le front. Volodymyr Zelensky n’avait pas validé la proposition de Valeri Zaloujny de mobiliser un demi-million d’hommes.

Dans les derniers jours de janvier et les premiers de février, la situation a pris des allures de théâtre de l’absurde, les rumeurs, contre-rumeurs et démentis quant au limogeage imminent du commandant en chef se multipliant.

Finalement, Valeri Zaloujny sera remplacé par le général Oleksandr Syrsky, jusqu’alors chef de l’armée de terre. Le «général le plus expérimenté d’Ukraine», a assuré Volodymyr Zelensky, rappelant que l’homme avait commandé la défense de Kyiv au début de l’invasion russe il y a quasiment deux ans. C’était aussi lui à la tête de la contre-offensive de l’automne 2022 qui a permis de libérer la région de Kharkiv. A son nouveau commandant en chef, le président a réclamé un plan de bataille «réaliste et détaillé» contre la Russie pour 2024 : une stratégie qui tiendrait «compte de la situation réelle sur le champ de bataille et des perspectives d’avenir».