Quand j’étais petit, ramasser du bois pour la cheminée était souvent synonyme de danger. J’ai grandi dans un village proche des sables d’Oleshky, un désert près de Kherson. La légende raconte qu’il y a quelques siècles on y trouvait des prairies, mais que les chevaux et les moutons des Tatars de Crimée envahisseurs ont brouté toute l’herbe.
A l’époque soviétique, après la Seconde Guerre mondiale, des forêts de pins y ont été plantées. Les écoliers plantaient leurs graines en rangées, de sorte que, vues du ciel, ces forêts ressemblaient à des cheveux peignés. Mais le cœur du désert était en grande partie dépourvu d’arbres… et l’armée soviétique a décidé d’en profiter.
Elle y a largué des milliers de bombes pour tester leur puissance. Comme certaines étaient équipées de parachutes, beaucoup d’habitants des villages voisins en ont maintenant un chez eux, qu’ils utilisent comme un torchon bien pratique pour nettoyer les légumes fraîchement cueillis avant de les emmener au marché. Pour ramasser du bois, les gens du coin allaient dans cette forêt-désert, et sautaient parfois sur des bombes qui n’avaient pas explosé.
Depuis une vingtaine d’années, ce lieu était devenu une attraction touristique plutôt sûre. Je n’ai jamais vu plus d’étoiles dans le ciel que lors d’une nuit de camping là-bas.
L’an dernier, l’armée ru