Les échoppes alimentaires de Kyiv étaient bondées, samedi 19 avril vers 17 heures, les retardataires se pressant pour acheter des victuailles pour la copieuse table du dimanche de Pâques, lorsque les habitants ont appris que Vladimir Poutine décrétait un cessez-le-feu basé sur des «raisons humanitaires». Au même moment, des drones Shahed survolaient les quartiers de la rive gauche de la capitale. La trêve prenant effet une heure plus tard, et censée durer jusqu’à dimanche minuit. «Nous partons du principe que la partie ukrainienne suivra notre exemple, a ajouté Vladimir Poutine, révélant d’emblée certaines cartes de son jeu. Dans le même temps, nos troupes doivent être prêtes à repousser d’éventuelles violations du cessez-le-feu et provocations de la part de l’ennemi, ainsi que toute action agressive de sa part.»
Une heure après le début de cette pseudo-trêve, un immeuble visé par des drones russes prend feu à Kherson. Un civil est tué, non loin, dans un bombardement. A Kyiv, à 22 heures, la sirène retentit. Dans la cour populeuse du bar Squat 17b, des verres sont levés en hommage à ce nouvel avatar des cessez-le-feu bidon, une spécialité russe en Ukraine depuis 2014. «Les troupes russes ne respectent pas la trêve autoproclamée par Poutine et tirent sur les positions ukrainiennes dans de nombreux secteurs de la ligne de front, écrit déjà le journaliste militaire Yuriy Butusov, bien informé. La déclaration pompeuse de Poutine aux politi