L’image est saisissante. Mardi, 15 heures au tribunal de Petchersk, au cœur de Kyiv. Entouré d’une nuée de journalistes, un homme au visage juvénile, cheveux blonds coupés court, habillé d’un simple tee-shirt kaki, s’assoit à la table des accusés de la salle d’audience. Ce jeune quadragénaire est Vitaly Chabounine, le directeur du Centre d’action anticorruption AntAC, la principale ONG dans ce domaine en Ukraine. Dans un monde idéal, ce seraient les bataillons de fonctionnaires ou hommes d’affaires corrompus traqués par Chabounine et AntAC depuis 2012 qui devraient se retrouver entre ces murs beiges. Mais par une inversion des rôles inquiétante, c’est le militant anticorruption le plus connu du pays qui est face aux juges.
Vitaly Chabounine, qui s’est engagé volontairement dans l’armée en 2022, comparait pour «délit de fuite» et «fraude». Les enquêteurs l’accusent d’avoir usurpé sa solde militaire alors qu’en 2023 il avait été détaché par ses supérieurs au sein de l’Agence nationale de prévention de la corruption pour enquêter sur des affaires dans l’armée. On lui reproche également d’avoir roulé dans un SUV offert à l’armée au début de l’invasion. Des charges fragiles, démontables par le moindre avocat débutant. Pourtant, Chabounine a été assigné par un juge ce mardi 15 juillet à rester dans son lieu d’affectation militaire de la région de Kharkiv, restreignant ainsi ses mouvements, mais aussi et surtout sa capacité à s’exprimer publiquement et à enquêter.
Perquisitions sans mandat
Prése