Ses murailles en ont vu d’autres, des batailles. Ce matin d’octobre, un mauvais crachin automnal colle aux tours coniques de la massive forteresse de Kamianets-Podilskyi, qui dans des temps anciens impressionna tant un sultan, que ce dernier décida de laisser à Dieu le soin de s’emparer de la cité alors polonaise. De vieux canons en fonte dorment sur les remparts, où déambulent les premiers visiteurs. Au milieu de la cour d’honneur, des tentes abritent des soldats, sans cotte de mailles cette fois, gobelet de café à la main.
En Ukraine, en 2025, les guerriers au repos portent le hoodie et le treillis kaki, couverts de chevrons techno-punk. Tout est anachronique ici-bas. Virevoltant autour des toits en poivrière, des drones FPV (First-Person View) se figent soudain en stationnaire au-dessus de ce musée à ciel ouvert, leur bourdonnement obsédant d’abeilles mécaniques est noyé dans les tubes de gros rock recrachés par les baffles.
Certains font du trail le week-end, d’autres assistent au critérium cycliste du coin. Dans le sud-ouest de l’Ukraine, il n’y a plus rien de surprenant à se rendre en famille ou entre amis à une course de drones. En l’occurrence, aujourd’hui, Kamianets-Podilskyi, la jolie capitale historique de la province de Podolie, accueille les «Drones sauvages», la première compétition nationale de pilotes de drones FPV et de drones bombardiers, tous des soldats, qui s’affrontent en terrain amical, lors d’épreuves d’adresse. «Nous avons rassemblé 20 équipes, iss