Menu
Libération
Troll

En visite chez son ami Trump, Orbán continue à narguer ses homologues européens

Après son périple à Kyiv, Moscou, Pékin et Washington, le Premier ministre hongrois, qui occupe la présidence tournante de l’UE, s’est envolé pour la Floride sans attendre la clôture du sommet de l’Otan, afin de rencontrer l’ex-président américain.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán en visite à l'ex-président américain Donald Trump, à Mar-a-Lago (Floride), le 11 juillet. (Hungary's Prime Minister's Office//AFP)
publié le 12 juillet 2024 à 20h21

Un nouveau pied de nez à l’UE. Dans la fastueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, le Premier ministre hongrois a été chaleureusement accueilli par Donald Trump, l’ex-président américain. Cette rencontre intervient à la suite du sommet de l’Otan, à Washington, et de l’insolent périple diplomatique de Viktor Orbán à Kyiv, Moscou et Pékin la semaine dernière, pour sa «mission de paix» sur la guerre en Ukraine, ainsi qu’il l’a qualifiée sur la plateforme X (ex-Twitter). Le dirigeant hongrois, qui occupe pendant six mois la présidence tournante de l’UE, continue de faire enrager les Européens en menant ces actions en solo, à rebours des orientations de la politique étrangère commune.

«Nous avons discuté des moyens de faire la paix, a tweeté le dirigeant hongrois. Bonne nouvelle du jour : Trump va résoudre [le conflit en Ukraine] !» En réponse, le candidat républicain déclaré à l’élection présidentielle de novembre a remercié Orbán. «Merci, Viktor. La paix doit arriver, et le plus tôt sera le mieux», a-t-il répliqué sur son réseau social, Truth Social, sans fournir plus de détails.

Aigle en or et bouteille de vin signée Trump

Cette rencontre avec l’ex-locataire de la Maison Blanche apparaît comme une nouvelle provocation pour ses homologues européens. A Washington, ceux-ci ont globalement exprimé leur soutien à leur hôte, Joe Biden, candidat à sa réélection affaibli par des critiques sur son état de santé. Alexander Stubb, président finlandais, a ainsi réaffirmé son appui : «Je n’ai absolument aucune inquiétude quant à la capacité de l’actuel président des Etats-Unis à diriger son pays, à mener notre combat pour l’Ukraine et à diriger l’Otan.» Viktor Orbán, lui, n’a même pas attendu la fin du sommet pour filer chez son adversaire républicain.

Le déplacement du chef de l’Etat hongrois a été, comme pour le reste de sa tournée, mis en scène de manière exubérante. Dans un clip de 28 secondes publié sur X, des couvertures de magazine avec l’ex-président américain en vedette, un aigle en or et une bouteille de vin signée Trump entourent les deux leaders politiques, filmés en train de se serrer la main ou de poser ensemble, pouces levés, pour la photo. Orbán a toutefois fait retirer le logo de la présidence tournante de l’UE, qui concluait ses précédentes vidéos. La relation entre Orbán et Trump n’est pas nouvelle. Les deux hommes vouent une admiration réciproque et se sont rencontrés à plusieurs reprises. Le slogan adopté pendant les six mois de la présidence hongroise du conseil de l’UE, «Make Europe Great Again», fait évidemment écho au «Make America Great Again» de Trump.

Choix diplomatiques controversés

La visite d’Orbán à Mar-a-Lago intervient dans un contexte d’incertitude en Europe, alors que de nombreux dirigeants s’inquiètent des conséquences d’un éventuel retour de Trump aux affaires. Par le passé, Donald Trump s’est vanté de pouvoir résoudre la crise ukrainienne «en vingt-quatre heures». Il a déjà affiché son intention de réduire l’aide financière des Etats-Unis à l’Ukraine s’il est élu.

En Europe, Orbán est non seulement critiqué pour ses choix diplomatiques controversés, comme sa visite à Moscou, en dépit de la politique européenne de soutien à l’Ukraine depuis l’invasion russe, mais aussi pour avoir abusé de sa fonction à la présidence tournante de l’UE. «C’est son choix [d’aller rencontrer à Trump], il l’a fait souverainement mais en faisant ses visites, il ne nous a en rien engagés parce qu’il ne nous a en rien informés au préalable et n’a reçu aucun mandat», a rappelé Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet de l’Otan. Alexander Stubb a affirmé qu’il ne voyait «aucune utilité réelle à dialoguer avec des régimes autoritaires». Charles Michel, président du Conseil européen, a précisé qu’Orbán ne représentait que lui-même. Contrecoup de ses coups d’éclat diplomatiques : le Premier ministre hongrois est de plus en plus isolé.