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En visite historique à Kyiv, Narendra Modi plaide pour la paix avec Moscou

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le Premier ministre indien Narendra Modi est en visite à Kyiv, ce vendredi 23 août, pour tenter de faire avancer les efforts diplomatiques en vue d’un «règlement pacifique» de l’invasion russe de l’Ukraine.
Narendra Modi et Volodymyr Zelensky, à Kyiv, le 23 août. (AP)
publié le 23 août 2024 à 17h20

Il s’agit de la première visite officielle d’un Premier ministre indien dans l’histoire de l’Ukraine. En juillet, Narendra Modi s’était rendu à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine. Au grand dam de Kyiv. Volodymyr Zelensky s’était dit «malheureux de voir le dirigeant de la plus grande démocratie du monde embrasser le criminel le plus notoire du monde à Moscou», alors que le pays avait été lourdement bombardé la veille, et notamment un hôpital pédiatrique à Kyiv.

Ce vendredi 23 août, c’est à son tour de se livrer au protocole de l’accolade cordiale. En fin de matinée, les deux dirigeants se sont pris dans les bras à l’entrée du palais Mariïnsky, la résidence du président ukrainien. L’objectif revendiqué du Premier ministre indien est de promouvoir un «règlement pacifique» de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. «Trouver un moyen de résoudre le conflit ne peut se faire que par le dialogue et les moyens de la diplomatie. Et nous devons avancer dans cette direction sans perdre de temps. Les deux parties doivent s’asseoir à la table des négociations et chercher une issue à cette crise», a déclaré Modi lors d’un point presse, aux côtés de Zelensky.

«Nous n’avons pas été neutres depuis le premier jour, nous avons pris parti et nous sommes résolument favorables à la paix», a assuré Modi. Lui qui, depuis février 2022, n’a jamais condamné explicitement l’invasion russe, tandis que l’Inde s’est toujours abstenue au moment des votes de résolutions de l’ONU qui pouvaient être hostiles à Moscou. «Si nous sommes restés, avec une grande conviction, à l’écart de la guerre, cela ne veut pas dire que nous étions indifférents», a renchéri le leader indien. Depuis longtemps, l’Inde tente de maintenir un équilibre délicat entre la Russie, avec laquelle elle a noué de solides liens économiques, et les nations occidentales, dont elle voudrait se rapprocher pour contrer la Chine, son rival régional.

Documents de coopération

«Quelle que soit l’aide requise d’un point de vue humanitaire, l’Inde sera toujours à vos côtés et se surpassera pour vous soutenir», a encore promis Modi, bouleversé d’avoir «compris que les premières victimes de la guerre sont en fait des enfants innocents», après la visite d’une exposition multimédia consacrée aux enfants morts à cause de l’agression russe. L’Inde et l’Ukraine ont signé des documents de coopération dans quatre domaines, ont rapporté les agences ukrainiennes : médecine, agriculture, humanitaire et culture. Volodymyr Zelensky aurait également discuté avec Narendra Modi de la participation de l’Inde au deuxième sommet de la paix, prévu à l’automne. La délégation indienne était présente à la première rencontre internationale, en Suisse, au mois de juin, où la «formule de paix» ukrainienne avait été discutée, mais, arguant que la Russie n’avait pas été conviée, n’avait pas signé le communiqué final.

La visite, qualifiée d’historique par les deux dirigeants, s’inscrit dans une série de tentatives de médiation entre les belligérants par des puissances tierces. Elle se déroule surtout sur fond d’une intensification des combats dans le Donbass et de l’incursion ukrainienne dans l’oblast russe de Koursk, qui a fait capoter, selon des informations révélées par le Washington Post, des pourparlers menés en secret entre Moscou et Kyiv. «L’Ukraine et la Russie devaient envoyer des délégations à Doha ce mois-ci pour négocier un accord historique mettant fin aux frappes sur les infrastructures énergétiques des deux côtés, écrit le quotidien américain. Mais les pourparlers indirects, où les Qataris servaient de médiateurs et rencontraient séparément les délégations ukrainienne et russe, ont été interrompus par l’incursion surprise de l’Ukraine dans la région de Koursk.»