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Surprise

Enfants d’espions du Kremlin libérés le 1er août, ils ne savaient pas qu’ils étaient russes

Deux agents russes, infiltrés comme couple argentin en Slovénie depuis 2017, sont rentrés dans leur pays après le vaste échange de prisonniers jeudi 1er août. Selon Moscou, leur couverture était si soignée que même leurs enfants n’étaient pas au courant.
Vladimir Poutine salue des ressortissants russes, dont Artyom Dultsev, Anna Dultseva et leurs enfants à Moscou, le 1er août 2024. (Kirill Zykov/Sputnik.REUTERS)
publié le 3 août 2024 à 18h25
(mis à jour le 3 août 2024 à 18h25)

A partir de 2017, Artem Viktorovich Dultsev et Anna Valerevna Dultseva ont vécu comme un couple argentin, expatrié en Slovénie. Ils étaient en réalité des espions russes et se servaient de Ljubjana comme leur base pour aller dans d’autres pays européens ou de l’Otan et prendre leurs ordres de Moscou. Leur couverture aurait été si parfaite que même leurs deux enfants, de 11 et 8 ans, l’auraient ignorée. Le Kremlin affirme en tout cas qu’ils ont appris leur nationalité russe dans l’avion censé les ramener jusqu’à Moscou, après le transfert historique de prisonniers opéré jeudi 1er août. Parmi les détenus échangés, huit étaient des prisonniers russes détenus aux Etats-Unis, en Norvège, en Allemagne, en Pologne et en Slovénie. Dont les parents de Sofia et Gabriel.

Certainement au fait de leur histoire - du moins, comme le rapporte le Kremlin - le président Poutine aurait chaleureusement accueilli la famille faussement argentine à son arrivée sur le sol russe. Jusqu’à saluer les enfants en espagnol, avec son meilleur «Buenas noches». Car, selon le porte-parole Dmitry Peskov, les deux bambins ne parleraient pas un mot de russe et auraient demandé à leurs parents qui pouvait bien être l’homme qui les attendait sur le tarmac - Poutine lui-même.

Les médias argentins rapportent que le couple Dultsev était connu comme María Mayer et Ludwig Gisch : ils sont arrivés en Slovénie en 2017, avec des passeports argentins. Plutôt que de se faire passer pour diplomates, ils ont chercher à se faire passer pour de simples citoyens sans lien perceptible avec le gouvernement russe. La première tenait une galerie d’art en ligne ; le second avait créé une start-up informatique sous son nom de couverture. Ce n’est que cinq ans plus tard que le couple a été arrêté par la police slovène pour espionnage. Ayant plaidé coupable mercredi 31 juillet, ils ont été condamnés à 19 mois de prison chacun. Mais compte tenu de leur date d’arrestation, ils ont été libérés - leur peine était purgée - selon Associated Press.

Ce n’est que jeudi, lors du vaste transfert de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux, que ces espions du Kremlin ont été renvoyés en Russie. L’histoire de ces deux enfants ignorant tout de leur pays est tout de même à prendre avec des pincettes : réelle ou exagérée, elle sert surtout à Moscou de louer les «sacrifices» et le «dévouement» de ses troupes.