Fuite en avant xénophobe et raciste. Les fêtes musulmanes du printemps prochain ne se tiendront pas dans les lieux publics de la ville de Jumilla, au sud-est de l’Espagne. The Guardian informe mercredi 6 août que le parti conservateur local de la région de Murcie s’était opposé à l’utilisation de ses gymnases et centres civiques pour les célébrations religieuses de l’Aïd al-Fitr, qui marque la fin du Ramadan (le 20 mars 2026), et de l’Aïd al-Adha, la fête du sacrifice (le 27 mai 2026).
L’année dernière, tout comme les précédentes, ces espaces avaient pu accueillir les prières des 1 500 musulmans que compte la commune – sur plus de 27 000 habitants. C’est la première fois qu’une telle décision est prise en Espagne. Selon El Pais, cette dernière, initialement proposée par le parti d’extrême droite Vox – qui s’est finalement abstenu lors du vote – a été adoptée grâce aux voix du Parti populaire (PP) conservateur et malgré les oppositions de la gauche. Sur X, le parti Vox s’est ravi que «grâce à [lui], la première mesure interdisant les fêtes islamiques dans l’espace public espagnol a été adoptée. L’Espagne est et restera à jamais la terre des chrétiens.»
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La proposition finale, stipule, même après amendements, que «les installations sportives municipales ne peuvent pas être utilisées pour des activités religieuses, culturelles ou sociales étrangères à notre identité, sauf si elles sont organisées par l’autorité locale».
«Islamophobe et discriminatoire»
Dans le quotidien hispanique, Mounir Benjelloun Andaloussi Azhari, président de la fédération espagnole des organisations islamiques, a déclaré que la proposition était «islamophobe et discriminatoire». «Ils ne s’en prennent pas aux autres religions, ils s’en prennent à la nôtre», a-t-il ajouté. Evoquant la récente montée des discours et des attaques racistes en Murcie, il a ajouté : «Nous sommes plutôt surpris par ce qui se passe en Espagne. Pour la première fois depuis 30 ans, j’ai peur.»
Cette mesure inédite est en contradiction directe avec le droit fondamental à la liberté de religion et de culte, reconnu par l’article 16 de la Constitution espagnole. Elle est donc vouée à contestation. Francisco Lucas, chef de file des socialistes en Murcie, a déclaré sur X : «Le PP [Parti populaire, ndlr] viole la constitution et met en danger la cohésion sociale simplement dans la poursuite du pouvoir.» Juana Guardiola, ancienne maire socialiste de Jumilla, a déclaré : «Qu’entendent-ils par identité ? Et qu’en est-il des siècles d’héritage musulman ici ?» El Pais assure aussi que des sources du ministère de la Justice qualifient la décision de «nouvel exemple de la dérive extrémiste et exclusive des gouvernements de droite vers l’extrême droite».