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Enquête

Espions forcés, faux dissidents, modèle OnlyFans : comment le Bélarus traque ses opposants exilés en Pologne

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Grâce au chantage, le régime d’Alexandre Loukachenko a recruté tout un réseau d’informateurs lui permettant de traquer à distance ses détracteurs.
Dernier ouvrage paru d'Eric Lambé avec David B. : «Antipodes» (Casterman). (Eric Lambé/Liberation)
par Patrice Senécal, correspondant à Varsovie
publié le 30 janvier 2025 à 6h59

Varsovie, 29 septembre 2023. C’est une journée comme une autre à la Maison bélarusse, une structure bien connue de la dissidence en exil au sein de la capitale polonaise, dans ce quartier paisible bordant la Vistule. S’y tient depuis quelques jours une exposition hommage consacrée à Ales Bialiatski, un opposant qui pourrit dans les geôles de la dictature d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir sans discontinuer depuis trente ans. Devant le portail, une femme se présente, seule. Elle s’appelle Daria Ostopenko, vient d’immigrer en Pologne. «C’est une collègue qui est allée lui ouvrir», relate Ales Zarembiuk, directeur de la Maison bélarusse depuis une dizaine d’années.

Avec ses cheveux rouge pourpre, son air inoffensif, la jeune Bélarusse n’inspire a priori aucune forme de méfiance. Voilà, après tout, une dissidente comme il y en a tant d’autres, une énième victime du régime de Minsk. Elle visite l’exposition, puis quitte les lieux. Fin de l’histoire ? Quelques semaines plus tard, Ales Zarembiuk reçoit la visite