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Euro féminin 2025 : les joueuses espagnoles, «une génération extraordinaire»

En dépit d’une défaite amère dimanche soir contre les Anglaises, les «Rouges» ont démontré qu’elles jouaient désormais dans la Cour des grandes et pour les supporters, «elles font aussi peur que l’équipe masculine de son côté».
Mariona Caldentey, milieu de terrain de l'Espagne, est réconfortée après la défaite de l'Espagne contre l'Angleterre lors de la séance de tirs au but de la finale de l'UEFA Women's Euro 2025 entre l'Angleterre et l'Espagne au stade St. Jakob-Park à Bâle, le 27 juillet 2025. (Sebastien Bozon /AFP)
publié le 27 juillet 2025 à 21h31

Il n’y a pas eu de «Triple Couronne» pour la génération en or de la sélection espagnole. Après avoir emporté le Mondial à Sidney en 2023, empoché avec brio la Ligue des Nations, les Espagnoles ont chuté au terme d’une agonie sans pareille contre les Anglaises. De la pire façon : aux penalties. Et ce, malgré le talent de la gardienne de but Cata Coll qui a habitué tout un pays à des arrêts miracle. «Vamos, chicas, vamos , (allez les filles, allez !], hurlait dans un bar d’Estrémadure la patronne, visiblement davantage enthousiasmée par le caractère féminin de l’équipe que par le football en lui-même. «C’était trop beau, s’exclame Roberto, qui suit l’équipe nationale des Espagnoles avec autant d’entrain que celles des hommes. Cela aurait couronné une dynamique incroyable. Il y a si peu de temps, on n’était pas grand-chose, et là on est vraiment entre les tout meilleurs .

Avant le Mondial en Australie et Nouvelle-Zélande, l’équipe espagnole évoluait dans l’ombre, incapable d’atteindre les huitièmes de finale d’une compétition internationale. Elles sont désormais dans la «Cour des Grandes», après cette demi-finale face à l’Allemagne, huit fois championne de l’Europe, grâce à un but dans les prolongations d‘Aitana Bonmati, une des joueuses-révélation. «Pour cette finale, on a chuté, mais on n’est pas passé loin», a résumé l’une d’elles. Durant toute la rencontre, l’Espagne a clairement dominé. Jusqu’à ce que, à la 56e minute, les Anglaises égalisent et imposent un rythme de jeu ultra-compétitif jusqu’à la toute fin.

«C’est un honneur de compter sur elles»

Solidaires, très fortes dans le jeu en mouvement, les joueuses de Monte Tomé ont longtemps fait état de ce qui les distingue. Un style basé sur le jeu du FC Barcelone, d’où proviennent la plupart des footballeuses, où la priorité est la possession du ballon, des passes précises, des incursions incisives. «C’est une génération extraordinaire», dit José Alberto, venu en famille pour encourager dans ce bar les «Rouges». «C’est un honneur de compter sur elles, elles font aussi peur que l’équipe masculine de son côté».

Ce qui est certain, c’est que l’actuelle équipe nationale incarne une révolution. Culturelle et sportive. Sur le plan culturel, elle a tourné la page de l’ère Rubiales, l’ancien président de la fédération qui avait dû démissionner après son baiser non consenti lors de la finale de Sidney à la joueuse Jennifer Hermoso. Depuis, les footballeuses de la sélection nationale se sont rebellées, ont exigé la féminisation du corps technique et des institutions. L’entraîneur Jorge Vilda, un proche de Rubiales, a été remplacé par son adjointe, Montse Tomé. Il faut dire que les vocations suivent. En 2024, année record, 109 874 jeunes filles étaient «fédérées», contre 40 524 dix ans plus tôt.

Le public, aussi, ne cesse d’augmenter. Lors de la demi-finale contre l’Allemagne, on comptait 4,3 millions de téléspectateurs, soit 40 % d’audience. Au lendemain de cette finale à suspense au St Jacob-Park de Bâle, et malgré cette défaite aux penalties, les Espagnoles ont réaffirmé leur statut de favorites dans les compétitions à venir.