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Européennes 2024 : à Malte, Mina Jack Tolu, candidat des droits LGBT+ et de la dépénalisation de l’avortement

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Conscient du faible soutien des électeurs au parti vert, l’activiste transgenre de 32 ans a le mérite de mettre sur le tapis la question de l’avortement et de continuer à défendre les droits de la communauté LGBT+, soulignant à ce titre le surprenant paradoxe de l’archipel.
Mina Jack Tolu, candidat·e sur la liste du parti vert maltais ADPD. (Shervin Sardari/Wikicommons)
publié le 3 juin 2024 à 7h58

De la Pologne au Portugal, de l’Italie à l’Irlande, qu’ils soient rompus aux arcanes de Strasbourg et Bruxelles, ou complètement novices en politique : à un mois des élections européennes, Libé tire le portrait d’un candidat par Etat membre de l’Union, en dehors de la France. Vingt-six pays, vingt-six personnalités, pour présenter les enjeux domestiques et les vents contraires qui soufflent sur le continent.

A Malte comme dans les organes européens, Mina Jack Tolu défend bec et ongles les droits de la communauté LGBT+. En septembre 2023, lors de la dernière EuroPride qui a égayé de ses couleurs arc-en-ciel la capitale maltaise, l’activiste transgenre a tenu à questionner les limites des lois de l’archipel. Trop de «paperasserie» et de «bureaucratie» pour les enfants souhaitant changer la mention de leur genre, trop de «portes fermées» pour les migrants LGBT+ demandeurs d’asile, a critiqué le vice-président de l’ADPD (le Parti vert de Malte) candidat aux élections européennes du 8 juin, relate le quotidien Times of Malta.

Parmi les pays de l’Union européenne, Malte est pourtant bonne élève en la matière. Pour la huitième année consécutive, l’archipel occupe la première place sur la «Rainbow Europe Map», avec un score de 89% en 2023 – l’indice arc-en-ciel classe 49 pays européens en fonction de leurs pratiques juridiques et politiques à l’égard des personnes LGBT+, sur une échelle de 0% à 100%. En Europe, la situation globale est plus contrastée : le 14 mai, l’Agence européenne des droits fondamentaux a relevé dans son étude des «taux de violence alarmants» envers les minorités sexuelles et de genre, en augmentation sur cinq ans. D’où l’importance de candidats comme Mina Jack Tolu pour les représenter. D’autant que l’activiste de 32 ans n’a pas la langue dans sa poche : en 2019 à Ottawa, lors d’une table ronde du Forum de Davos des jeunes, modérée par Emma Watson et portant sur les stéréotypes de genre, iel avait repris la célèbre actrice de «Harry Potter», lui reprochant de ne pas employer le pronom «iel» comme demandé.

«Je suis l’un des premiers politiques publiquement pro-choix à Malte»

L’activisme LGBT+ de Mina Jack Tolu commence en 2010 à l’Université de Malte, lorsqu’iel fonde l’association étudiante «We Are». Son engagement en politique verte, lui, débute en 2017 auprès de la Fédération des jeunes verts européens. Depuis 2020, Mina Jack Tolu est aussi membre du conseil consultatif LGBT+ auprès du gouvernement de Malte, fort de ses années d’expérience en tant que consultant pour une pléthore d’organisations – actuellement pour des scénarios inclusifs pour les personnages trans et non-binaires dans des séries télévisées italiennes et des jeux numériques à l’international.

Cet amateur de roller derby se consacre aussi à la défense des droits des femmes. Malte a beau être un havre européen pour les LGBT+, l’archipel n’en reste pas moins l’un des seuls Etats membres de l’UE n’ayant pas légalisé l’avortement. C’est seulement en juin 2023 qu’il a adopté une loi autorisant pour la première fois l’avortement, mais dans un seul cas extrêmement restrictif – si la vie de la femme est en danger et que le fœtus n’est pas viable. En 2022, Mina Jack Tolu se revendiquait déjà dans une interview comme «l’un des premiers politiques publiquement pro-choix à Malte». Le 11 mai dernier, dans sa réponse à l’ONG de médecins pro-choix «Doctors for Choice Malta», iel réitérait sa position au nom de l’ensemble des candidats de l’ADPD. «Le Parti des Verts est favorable à la dépénalisation de l’avortement. Dans l’état actuel des choses, la santé étant considérée comme une compétence nationale, les députés européens ne peuvent pas garantir des soins d’avortement sûrs et légaux à Malte», a-t-iel regretté, fustigeant «l’inaction du gouvernement travailliste».

Faible soutien aux verts

Mais à Malte, où l’avortement reste un sujet tabou, le parti écologiste peine à tirer profit des difficultés que rencontrent les travaillistes sur cette question. Dans l’archipel, le soutien aux verts reste faible. D’après un sondage paru dans le quotidien Times of Malta, aucun des quatre candidats verts en lice ne fait partie du «Top 10» des intentions de vote. Le parti n’a de sièges ni au Parlement européen ni au Parlement maltais. Mina Jack Tolu veut y croire pour les élections européennes qui auront lieu le samedi 8 juin à Malte. Sans être dupe sur ses chances pour autant. Le parti pourrait peut-être obtenir un siège, mais il ira vraisemblablement à la tête de liste, Sandra Gauci, figure de la lutte anti-corruption à Malte.