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Scrutin

Européennes 2024 : aux Pays-Bas, l’extrême droite talonne l’alliance de centre gauche

Elections européennes 2024 dossier
Malgré sa défaite, le PVV de Geert Wilders aurait gagné un nombre de sièges historique, selon un sondage de sortie des urnes.
Aux Pays-Bas, arrivé en deuxième place, le PVV d'extrême droite de Geert Wilders – donné en tête dans les sondages avant le scrutin – obtiendrait 7 sièges au Parlement européen. (Remko De Waal /AFP)
publié le 7 juin 2024 à 13h33

La poussée aurait-elle été (un peu) moins forte que prévue ? Les Néerlandais ont ouvert le bal du marathon électoral jeudi 6 juin, sur fond de victoire pressentie de l’extrême droite. Mais c’est l’alliance entre les écologistes et les travaillistes Groenlinks-PvDA qui aurait finalement remporté le scrutin en obtenant 8 sièges (21,6%) au Parlement européen (sur les 31 accordés au pays), selon un sondage de sortie des urnes commandé par la chaîne publique NOS. «Le récit de la montée de l’extrême droite a été déjoué aux Pays-Bas. C’est un message pour le reste de l’Europe : Sortez et votez !» s’est réjoui la tête de liste des Verts, Bas Eickhout.

%Dans les faits pourtant, le résultat est serré. Arrivé en deuxième place, le PVV – donné en tête dans les sondages avant le scrutin – obtiendrait 7 sièges, et 17,7%. Une percée historique pour le parti d’extrême droite, qui n’en avait obtenu qu’un seul en 2019. «Le PVV a obtenu le meilleur résultat jamais enregistré aux élections européennes», s’est félicité le dirigeant Geert Wilders sur X (ex-Twitter). Avant d’ajouter que le parti, qui siège à Bruxelles avec Identité et Démocratie, le groupe du Rassemblement national, pouvait encore être déclaré grand vainqueur «lorsque les résultats finaux seront annoncés dimanche».

Une tête de liste discrète

Mercredi soir, quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote, Geert Wilders faisait encore campagne sur le marché de La Haye. «Les jours à venir sont cruciaux pour l’avenir de l’Europe», disait-il alors, loin de sa traditionnelle rhétorique en faveur d’un «Nexit» (la sortie des Pays-Bas de l’UE) abandonnée lors des négociations de coalition qui ont suivi son triomphe électoral lors des législatives de novembre. «D’autres partis qui nous ressemblent se développent, de la France à la Belgique, de l’Autriche à l’Italie. Si nous parvenons à rassembler tous ces éléments et à faire prendre une autre direction à ce pétrolier qu’est l’UE, nous aurons beaucoup plus d’influence à l’intérieur qu’à l’extérieur [du bloc]», a-t-il ajouté. Cette brève sortie publique a été la seule de la campagne. La tête de liste du parti, le conseiller provincial Sebastiaan Stöteler, s’est lui aussi fait très discret, se limitant à quelques rares apparitions dans les médias.

Parmi les «perdants», on retrouve le VVD, arrivé deuxième en 2019 et qui se place cette fois-ci à la dernière marche du podium. Selon le sondage de sortie des urnes, le parti du Premier ministre en partance, Mark Rutte, devrait bénéficier de 4 sièges, soit un de moins qu’il y a cinq ans. Au niveau national, la formation de centre droit – qui a longtemps dominé la vie politique – a récemment signé un accord de coalition avec le PVV, ainsi qu’avec les nouveaux conservateurs du NSC et le parti populiste agrarien du BBB.

Les Néerlandais tournés vers la formation du gouvernement

Signé trois semaines avant les européennes, l’attention des Néerlandais a surtout été accaparée par cet accord et la formation du gouvernement, une saga qui dure depuis plus de six mois. Fin mai, les quatre formations ont réussi à se mettre d’accord sur un Premier ministre, l’ancien chef des services de renseignement Dick Schoof, mais elles sont toujours en pourparlers pour l’attribution des ministères. Outre d’inquiétantes mesures sur l’immigration et l’environnement, leur accord de coalition prévoit une coupe de 1,6 milliard d’euros dans la contribution néerlandaise au budget de l’UE.

Malgré une campagne européenne éclipsée, le taux de participation est de presque 47 %, selon le sondage. En 2019, près de 42 % des électeurs s’étaient rendus dans l’isoloir, une barre qui n’avait jamais été franchie depuis une trentaine d’années. En dehors du podium ce vendredi, on retrouve deux partis centristes : l’Appel chrétien-démocrate (CDA) et le parti social-libéral (D66), qui remportent chacun 3 sièges. Le BBB et le NSC, eux, font leur grande entrée au Parlement européen, avec respectivement 2 et 1 siège. Les quatre partis de droite et d’extrême droite qui ont signé l’accord de coalition remporteraient ainsi 14 sièges sur 31, soit moins de la majorité.