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Européennes 2024 : la Slovaque Lubica Karvasova, pro-UE au naturel

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L’ancienne diplomate, conseillère aux affaires européennes attachées aux Premiers ministres, est entrée en politique pour défendre l’orientation pro-européenne de la Slovaquie. Elle figure sur la liste des libéraux pour les élections.
Lubica Karvasova, candidate du Parti progressiste slovaque (photo non datée). (@capture d'écran X)
publié le 3 mai 2024 à 8h00

De la Pologne au Portugal, de l’Italie à l’Irlande, qu’ils soient rompus aux arcanes de Strasbourg et Bruxelles, ou complètement novices en politique : à l’approche des élections européennes, «Libé» tire le portrait d’un candidat par Etat membre de l’Union, en dehors de la France. Vingt-six pays, vingt-six personnalités, pour présenter les enjeux domestiques et les vents contraires qui soufflent sur le continent.

Elle incarne tout ce que les pourfendeurs de l’Europe adorent détester. Lubica Karvasova, 37 ans, est polyglotte, libérale et viscéralement attachée aux institutions européennes. Pendant treize ans, elle a travaillé dans les arcanes de l’UE comme diplomate, d’abord comme cheffe de bureau de la représentation slovaque à Bruxelles puis comme conseillère aux Affaires européennes de trois Premiers ministres slovaques, un poste qu’elle a contribué à créer. Depuis quelques mois, elle a choisi de passer de l’ombre à la lumière en se lançant en politique. Pour les élections européennes, elle figure sur la liste de Slovaquie progressiste, le principal parti d’opposition du pays.

«Quand le Smer [le parti populiste du Premier ministre Robert Fico] a gagné les élections en septembre, je n’ai d’abord pas envisagé de quitter l’administration. Je crois beaucoup au service public et à sa continuité, explique-t-elle, en français. J’ai peut-être été naïve, mais on m’avait donné des garanties et je voulais laisser une chance à ce gouvernement malgré sa rhétorique de campagne prorusse.»

La réforme du Code pénal, taillée sur mesure pour dédouaner les proches de Fico d’affaires de corruption, l’a fait céder. «J’ai compris que notre politique étrangère et notre position dans l’UE étaient en danger, mais aussi que nos valeurs étaient menacées. Je ne voyais plus de possibilités de protéger la vie démocratique en Slovaquie depuis l’intérieur de l’administration», raconte Lubica Karvasova pour expliquer son entrée en politique.

«Offrir un autre visage»

En quelques mois, la fidèle servante de l’Etat s’est transformée en adversaire coriace du gouvernement. La mission qu’elle s’est donnée est de protéger l’orientation pro-européenne de la Slovaquie à un moment où la division est-ouest a fait son retour dans le débat politique, et où Robert Fico multiplie les appels du pied en direction de Moscou. Pour la jeune femme, se tourner vers l’UE a été un mouvement naturel. «J’avais 17 ans quand la Slovaquie a rejoint l’Union en 2004, raconte-t-elle. Je me souviens encore du titre de la dissertation qu’on nous avait demandé d’écrire au lycée : «L’UE vue par les yeux des jeunes». Le sujet m’a tellement passionnée que j’ai lu tout ce qui m’est tombé sous la main sur le sujet. J’ai décidé à ce moment-là que je voulais dédier ma carrière à ce projet de liberté et de démocratie.»

Lubica Karvasova, qui a étudié entre Paris et Bratislava et travaillé entre Bruxelles et la Slovaquie, n’a jamais perdu cette foi en l’Europe. Mais dans son pays, les aspirations à l’UE sont parfois retombées. La participation aux élections européennes y est souvent faible, comme en 2019 où elle n’avait atteint que 24,7 %, le taux le plus bas des Vingt-Sept. Comment convaincre davantage d’électeurs d’aller voter cette fois-ci ? «Je crois que la honte ressentie par beaucoup de Slovaques peut être un bon moteur. La honte face à l’image de notre pays qu’est en train de construire ce gouvernement. J’ai bon espoir que la société veuille offrir un autre visage de la Slovaquie», veut croire l’aspirante eurodéputée.