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26 pays, 26 candidats

Européennes 2024 : Saskia Bricmont, une Belge pour défendre le Pacte vert

26 pays, 26 candidatsdossier
En lice pour un second mandat, l’eurodéputée écologiste fait partie de la minorité d’élus à s’opposer au détricotage du volet environnemental de la PAC, annoncé au printemps pour calmer les agriculteurs.
Saskia Bricmont à Strasbourg le 13 décembre. (Alexis Haulot/Hans Lucas)
par Laure Broulard, Correspondante à Bruxelles
publié le 19 mai 2024 à 16h20

De la Pologne au Portugal, de l’Italie à l’Irlande, qu’ils soient rompus aux arcanes de Strasbourg et Bruxelles, ou complètement novices en politique : à l’approche des élections européennes, «Libé» tire le portrait d’un candidat par Etat membre de l’Union, en dehors de la France. Vingt-six pays, vingt-six personnalités, pour présenter les enjeux domestiques et les vents contraires qui soufflent sur le continent.

Garder le cap du Pacte vert, malgré les vents contraires. Voilà le credo de Saskia Bricmont, tête de liste du parti Ecolo (Belgique francophone) au Parlement européen, en lice pour un second mandat dans l’hémicycle. A 39 ans, celle qui se revendique féministe, engagée pour les droits des minorités et pour la justice sociale, assume d’être à contre-courant. Alors que l’extrême droite tire à boulets rouges sur l’écologie, que les conservateurs et certains libéraux soutiennent une «pause environnementale» et que les Verts européens sont à la peine dans les sondages, elle milite pour que Bruxelles tienne et amplifie ses engagements climatiques.

La clé selon elle ? Que l’UE fasse de son le Pacte vert, qui vise la neutralité carbone du Vieux Continent d’ici à 2050, un pacte social. «Il faut des fonds de transition pour accompagner la mise en œuvre d’une politique ambitieuse en termes de logements durables, d’investissements massifs dans les transports en commun, dans une alimentation saine et dans la réindustrialisation verte, explique-t-elle de son débit rapide. L’UE a déjà montré sa capacité à faire des emprunts communs. Elle doit être capable de lever l’impôt : cela peut passer par une taxe sur le kérosène ou sur les transactions financières qui font toujours l’objet de désaccords. Et puis il faut que la Banque européenne d’investissement devienne une véritable banque du climat.»

Bénévole pour Oxfam

Issue du monde associatif, où elle a longtemps fait du bénévolat pour Oxfam, Saskia Bricmont dit avoir l’engagement dans le sang. «Je connais les manifs», revendique-t-elle dans ses vidéos de campagne. Elle débute en politique en 2007, au Parlement fédéral belge, déjà chez Ecolo, comme conseillère sur les questions européennes et internationales. Puis elle se tourne vers le local en travaillant au développement territorial de la Wallonie picarde, avant d’être élue conseillère communale dans sa ville natale : Ath, non loin de la frontière française. Après une tentative manquée en 2014, elle profite de la poussée verte aux élections européennes de 2019 et obtient un siège (sur deux pour le parti Ecolo francophone) à Bruxelles. Malgré le recul généralisé des Verts en Europe, elle devrait être réélue cette année. «L’UE, c’était dans la continuité de mon engagement pour une autre globalisation, pour un commerce international équitable», précise-t-elle. Au Parlement, elle intègre donc la commission «commerce international», où elle milite pour que les accords de libre-échange respectent davantage les droits humains et les objectifs de Paris sur le climat.

Mais ces derniers mois, Saskia Bricmont a surtout donné de la voix, dans l’hémicycle comme dans les médias, pour défendre les objectifs environnementaux de l’UE. Elle fait partie de la minorité d’eurodéputés qui s’est opposée, en avril, au détricotage du volet environnemental de la PAC, dans la foulée des manifestations des agriculteurs. Et dénonce «des jeux politico-politiciens qui, à l’approche des élections, ont fait du Pacte vert la cible à abattre», tout comme «l’irresponsabilité de la présidence belge du conseil» dans le dossier du règlement sur la restauration de la nature, l’un des piliers de la politique environnementale de l’UE. Bien qu’il ait été adopté par le Parlement, le texte ne trouve plus de majorité au niveau des Etats membres, dont le feu vert final ne devait pourtant être qu’une formalité. Le Premier ministre belge, Alexander de Croo, a exprimé son opposition personnelle au texte et a été accusé de vouloir le torpiller. «Face à l’urgence climatique, faire reculer notre capacité à nous adapter est criminel», conclut-elle.