Les résultats des élections européennes en Slovaquie ont fait mentir les pronostics. Contrairement à ce que prédisaient les derniers sondages, le parti du Premier ministre populiste Robert Fico, qui a échappé à une tentative d’assassinat le mois dernier, n’a pas réussi à capitaliser sur son agression. Son parti Smer («Direction»), officiellement social-démocrate mais qui flirte depuis des années avec l’extrême droite, n’arrive qu’en deuxième position, avec 24,8 % des voix, selon les premières estimations.
Le parti Progresivne Slovensko (PS), parti libéral de la présidente slovaque Zuzana Čaputovà, membre du groupe Renew au Parlement européen, remporte de son côté 27,8 % des suffrages. Le parti d’extrême droite et néofasciste Republika arrive enfin en troisième position, avec 12,5 % des voix. Sur les 15 députés européens slovaques dont l’élection pourrait être confirmée dimanche soir, sept seraient des femmes. Une première.
Freiner les ambitions du Smer
Ces résultats sont un revers pour le Premier ministre de 59 ans, grièvement blessé après une fusillade lors d’un débat gouvernemental, le 15 mai. Selon des sondages, l’attaque, qui avait provoqué une onde de choc dans le pays de 5,4 millions d’habitants et dans le reste de l’Europe, a fait grimper en flèche la popularité de son parti, mobilisé autour du slogan : «Pour Robert Fico, pour la Slovaquie».
Dans une vidéo publiée mercredi, le dirigeant, amaigri après deux interventions chirurgicales, affirmait avoir été attaqué en raison de ses opinions divergentes par rapport au reste de l’Europe. A contre-courant d’une grande partie des pays du continent, le dirigeant populiste, aux sorties parfois complotistes, s’oppose aux sanctions de l’Union européenne (UE) contre la Russie et au soutien militaire à l’Ukraine.
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L’opposition progressiste comptait de son côté sur ce scrutin européen pour freiner les ambitions du Smer. En arrivant en première position, avec quelques points d’écart, le parti de la présidente écologiste et féministe anticorruption Zuzana Čaputovà confirme que leurs espoirs ne sont pas vains. «La tentative d’assassinat de Robert Fico et [sa] tentative ultérieure de rejeter la faute sur l’opposition et les médias critiques ont mobilisé les électeurs de Smer, mais il semble qu’ils ont aidé également et même davantage les électeurs de l’opposition, qui étaient d’autant plus motivés à voter pour le parti d’opposition le plus fort», analyse le principal quotidien slovaque, Dennik N.
Fort taux de participation
Alors que la Slovaquie a rejoint l’UE il y a vingt ans, les informations sur le fonctionnement de l’union politico-économique n’ont été intégrées dans les programmes scolaires que ces dernières années. Pourtant, les Slovaques ont particulièrement confiance en ses institutions. Selon un récent sondage, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, bénéficie du soutien d’un tiers de la population. Ce scrutin européen a ainsi enregistré le taux de participation le plus élevé de l’histoire du pays : jusqu’à 34,4 %.