Menu
Libération
Polémique

Eurovision 2025 : comme en 2024, une nouvelle vague d’appels à l’exclusion d’Israël du concours

Conflit israélo-palestiniendossier
Plusieurs dizaines de personnalités du monde de l’Eurovision, parmi lesquelles Nemo, qui avait remporté le concours en 2024, se sont prononcées pour une exclusion d’Israël pour la prochaine édition.
Une manifestation propalestinienne devant le siège de la chaîne de télévision irlandaise RTÉ à Dublin le 9 mai 2025. (Brian Lawless/ABACA)
publié le 9 mai 2025 à 21h46

«Je pense personnellement qu’il n’est pas logique qu’Israël participe à cette édition. Et à l’Eurovision en général, en ce moment.» Nemo, vainqueur de l’édition 2024 de l’Eurovision, a pris la parole jeudi 8 mai dans un entretien donné au Huffpost UK. «Je ne sais pas si j’ai envie de rentrer dans les détails, mais je dirais que je ne soutiens pas le fait qu’Israël fasse partie du concours actuellement.»

Grand gagnant à Malmö, en Suède, avec sa chanson The Code, l’artiste non-binaire dit clairement soutenir «l’appel à l’exclusion d’Israël du Concours Eurovision de la chanson. Les actions d’Israël vont fondamentalement à l’encontre des valeurs que l’Eurovision prétend défendre – la paix, l’unité et le respect des droits humains».

Avant iel, ce sont 72 personnalités du monde de l’Eurovision qui ont signé un appel à exclure l’état hébreu du concours, publié dans le média britannique The Telegraph. La lettre a été signée notamment par deux anciens lauréats : l’irlandais Charlie McGettigan (vainqueur en 1994) et le Portugais Fernando Tordo (vainqueur en 1973). Egalement par plusieurs anciens candidats français : Marie Line (en 1998), Jessy Matador (2010) et Marie Line (2023).

«Deux poids, deux mesures»

Les signataires dénoncent l’implication d’Israël dans «le génocide des Palestiniens à Gaza» et accusent l’Union européenne de radiotélévision (UER) de «normaliser ses crimes». Ils regrettent également une forme de «deux poids, deux mesures», en rappelant que «l‘UER a déjà montré qu’il était capable de prendre des décisions, comme lorsqu’elle a exclu de la compétition la Russie». Les contestataires demandent également l’exclusion de la télévision israélienne KAN, qu’ils accusent d’être «complice» d’un «régime d’apartheid et d’une occupation militaire en cours depuis plusieurs décennies contre le peuple palestinien», de l’UER.

Martin Green, directeur du concours Eurovision, a répondu dans The Telegraph : «L‘UER reste alignée avec les autres organisations internationales qui ont pour l’instant pris la décision de continuer d’inclure les candidats israéliens dans les compétitions les plus importantes». «Nous comprenons les inquiétudes concernant le conflit qui se déroule actuellement au Moyen-Orient. L’UER est une association de radiodiffuseurs du service public […] C’est aussi notre mission de sécuriser l’avenir du service public. L’UER soutient son membre israélien KAN qui est menacé d’être privatisé voire fermé par le gouvernement israélien.»

Mercredi, c’est le radiodiffuseur public irlandais qui a à son tour demandé à l’UER d’ouvrir le débat sur la participation d’Israël à l’Eurovision de la chanson. Dans un communiqué, le directeur général de la chaîne irlandaise RTÉ, Kevin Bakhurst, s’est déclaré «consterné par les événements en cours au Moyen-Orient, par l’impact horrible sur les civils à Gaza et par le sort des otages israéliens».

La candidate israélienne, Yuval Raphael, elle-même rescapée de l’attaque terroriste du 7-Octobre par le Hamas, est présentée comme l’une des favorites du concours. Elle interprète New Day Will Rise (un jour nouveau va se lever), une ballade en anglais, hébreu et français sur la survie après la tragédie. Pour rappel, l‘édition 2024, organisée à Malmö en Suède, avait déjà été particulièrement tendue en raison de la guerre à Gaza et de la présence de la chanteuse israélienne Eden Golan.