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Destination Autriche

Eurovision 2026 : Vienne accueillera la 70e édition du concours

Après la victoire de JJ il y a trois mois, la capitale autrichienne organisera la finale de la compétition musicale le 16 mai 2026 à la Wiener Stadthalle et accueillera l’événement pour la troisième fois.
Le palais du Belvédère à Vienne, en Autriche. (Hans Punz/AP)
publié le 20 août 2025 à 16h37

La décision ne faisait guère de doute. Vienne, capitale de l’Autriche, a été désignée ce mercredi 20 août ville hôte de la finale de la 70e édition de l’Eurovision, qui aura lieu le 16 mai 2026. Lors de sa rencontre avec Libération après sa victoire en mai, le contre-ténor austro-philippin JJ se disait confiant dans les chances de sa ville de naissance et de résidence. La seule concurrente, l’alpestre Innsbruck, n’a pas pesé lourd face à la métropole de 2 millions d’habitants, qui organisera donc la manifestation pour la troisième fois, après 1967 et 2015.

L’événement télévisé non-sportif le plus suivi dans le monde (166 millions de téléspectateurs cette année) se déroulera, comme en 2015, à la Wiener Stadthalle. Inaugurée en 1958, la salle de concerts chère aux Viennois, signée par l’architecte Roland Rainer, dispose d’une capacité de 16 000 personnes.

Nombreuses retombées financières

Sous le slogan «Europe, shall we dance (Europe, on danse ?), la ville se prépare à une semaine de festivités précédant la finale du samedi 16 mai. C’est la première fois depuis Lisbonne en 2018 qu’une capitale accueillera la compétition – Turin, Malmö, Bâle, Rotterdam ou Liverpool avaient depuis accueilli l’événement. Pour cette 70e édition, l’Union européenne de radio-télévision, organisatrice du concours, pourrait réserver des surprises. En 2025, l’Australie avait été invitée à participer.

Parmi les voix discordantes, le Parti du peuple (FPÖ, extrême droite) avait déjà déploré l’arrivée en Autriche d’un «spectacle queer, gauchiste et woke». Vainqueur, en 2024, des législatives avec un score inédit proche de 29 %, le FPO n’est pas parvenu à former un gouvernement, faute d’entente avec les autres forces politiques. Pour le parti extrémiste et xénophobe, organiser l’Eurovision est une «irresponsabilité» au moment où l’Autriche, visée par une procédure de la Commission européenne pour déficit excessif, croule sous «une montagne historique de dettes».

Les dernières villes organisatrices ont cependant démenti cette vision, en portant au crédit du concours de nombreuses retombées, sur l’économie locale et en termes d’image. La seule exception récente serait Malmö, en 2024, où les mobilisations contre la participation d’Israël avaient entraîné un fort dispositif de maintien de l’ordre, gâchant en partie l’ambiance dans la troisième ville de Suède.

Visibilité accrue de la communauté LGBT +

Vienne ne sera sans doute pas épargnée par les polémiques. Depuis le 7 octobre 2023, l’Eurovision est vivement critiquée pour la participation d’Israël. Si le pays figure toujours parmi les candidats l’an prochain, la capitale autrichienne pourrait s’attendre à de nouveaux rassemblements propalestiniens et à des appels au boycott. Cette année, juste après sa victoire, Johannes Pietsch, alias JJ, avait critiqué la présence de l’Etat hébreu – représenté par Yuval Raphael, une survivante de l’attaque terroriste du festival Niva – et souhaité que le pays soit exclu en 2026. Il avait rapidement rectifié ses propos et présenté des excuses. Autre motif potentiel de frictions : d’après la vidéo promotionnelle lancée ce mercredi matin, la marque de cosmétiques israélienne Moroccanoil sera de nouveau le principal partenaire publicitaire du concours.

Dans la mémoire des nombreux eurofans, la finale de 2015 à Vienne, remportée par le Suédois Mans Zelmerlöw, avait encore accru la visibilité des valeurs de la communauté LGBT +, dans le sillage de la victoire de la drag-queen Conchita Wurst et son hymne Rise Like a Phoenix. Le paysage urbain viennois en a gardé une trace : des feux piétons de signalisation mettant en scène des couples de même genre au lieu du petit bonhomme solitaire. Ces pictogrammes, conçus comme provisoires, ont été plébiscités par le public et clignotent toujours, non seulement dans la capitale, mais dans d’autres villes d’Autriche et d’Allemagne.