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Libération
Le Libé des Ukrainiens

Evgeniy Maloletka : «Je déteste toutes mes photos, parce qu’elles existent»

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le photographe couvre la guerre entre la Russie et l’Ukraine depuis 2014. Dès les premières heures de l’invasion du 24 février 2022, il se trouve dans Marioupol assiégé par les Russes.
Des secouristes et des volontaires ukrainiens transportent une femme enceinte blessée depuis une maternité endommagée par une frappe aérienne à Marioupol, en Ukraine, le 9 mars 2022. (Evgeniy Maloletka/AP)
publié le 16 février 2024 à 6h33

Interviews, reportages, analyses… Deux ans après l’invasion de l’Ukraine, le «Libé des Ukrainiens» donne de nouveau la parole aux habitants d’un pays meurtri. De Kyiv à Kharkiv, de Lviv au Donbass, un tour d’Ukraine intimiste et engagé auprès d’une société déchirée. Tous les articles de notre dossier.

Avec le journaliste Mstyslav Tchernov, le photographe ukrainien Evgeniy Maloletka sont les derniers reporters à pouvoir témoigner du calvaire de la ville portuaire de Marioupol lors de l’invasion russe du 24 février 2022. Leurs images, maintes fois primées, ont fait le tour du monde. Témoignage. Attention, certaines images peuvent choquer.

«La guerre est très changeante. Elle dure depuis 2014, mais ces deux dernières années, c’est une folie de cruauté qui nous entoure. Et parce que vous vous battez constamment dans ce chaudron, qui bouillonne et se déverse, c’est parfois insupportable. Mais il faut bien supporter. Parfois, je ne m’en rends plus compte, parfois, j’ai l’impression que ce monde est devenu fou. La cruauté est partout.

«Avant, il m’arrivait de réfléchir sur ce qu’était la guerre, de regarder les travaux de mes collègues ou les chroniques de la Seconde Guerre mondiale, du conflit yougoslave. Ça restait lointain. Mais lorsque cela se passe ici, dans ta ville, avec ta famille, évidemment que tu as envie de faire quelque chose. Moi, je ne peux qu’appuyer sur le bouton de l’appareil ph