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Libération
Reportage

Extrême droite en Roumanie : «Sous couvert d’anticommunisme, les néolégionnaires réhabilitent le passé fasciste»

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A cinq jours du scrutin présidentiel du 4 mai, les mouvements identitaires s’affichent décomplexés et soutiennent le candidat nationaliste George Simion, qui pourrait obtenir 30 % des voix au premier tour.
Le candidat nationaliste George Simion lors d'une conférence de presse à Bucarest, le 11 avril 2025. (Inquam Photos/via Reuters)
par Maria Gerth-Niculescu, correspondante à Chisinau
publié le 30 avril 2025 à 15h19

Le monastère Petru Voda surplombe des forêts de sapins, en plein cœur de la Moldavie roumaine. Un battement sourd et répété annonce la messe du vendredi saint. Quelques fidèles se pressent en silence vers la petite église en bois. «C’est une atmosphère inégalable», souffle Melik Cosmin Mihai, venu se recueillir pendant les vacances de Pâques.

Fierté locale, le monastère attire aussi les mouvements identitaires d’extrême droite. Son fondateur, le père Iustin Parvu, est un ancien membre du mouvement légionnaire de l’entre-deux-guerres. Ce groupuscule identitaire et antisémite, aussi appelé Garde de fer, a été créé dans les années 1920 par des étudiants anticommunistes, avant de devenir un parti politique en 1930. «Les légionnaires pratiquaient un fascisme autochtone, avec ses caractéristiques particulières, comme l’orthodoxie», explique Adina Marincea, chercheuse auprès de l’Institut national pour l’étude de l’holocauste en Roumanie. Aujourd’hui encore, cette idéologie alimente les mouvements identitaires, de plus en plus visibles sur la scène politique roumaine.

La sœur Paraschiva est une des premières à s’être installées au monastère Petru Voda dans les années 1990. Elle nous reçoit dans l’ancien lieu de vie de Iustin Parvu, transformé en exposition en hommage aux «Saints des prisons», incarcérés sous le communisme. «Le Père appartenait à une génération qui a connu le sens du sacrifice. Ces jeunes ont été emprisonnés car ils croyaient au Christ et voulaient po