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Libération
Reportage

Extrême droite en Serbie : «Ces jeunes ont peur du monde, ils pensent que les ennemis sont partout»

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Quasi assuré de remporter les élections législatives du 17 décembre, le parti du président Vucic est concurrencé par une coalition d’extrême droite, dont les diatribes identitaires séduisent une partie grandissante de la jeunesse, échaudée par un climat de vives tensions autour du Kosovo.
Lors d'une manifestation de groupes d'extrême droite, opposés à un festival pour la réconciliation entre la Serbie et le Kosovo, à Belgrade en 2020. (Andrej Isakovic /AFP)
par Louis Seiller, envoyé spécial à Belgrade
publié le 12 décembre 2023 à 5h52

Un peu partout dans les rues de Zemun, des fresques nationalistes côtoient des slogans hostiles à l’Occident. Cheveux courts et droit comme un «i» dans ses bottes militaires, Uros sort du grand lycée de ce quartier situé à une dizaine de kilomètres au nord du centre de Belgrade. Son pull noir est constellé de différentes régions et pays des Balkans, tous recouverts du drapeau serbe. «Ce sont les territoires serbes perdus après les guerres des années 90, explique avec gravité le jeune homme de 18 ans, avec quelques approximations historiques et géographiques. La Republika Srpska, le Kosovo et la Metohija, heu… Le Kosovo et heu la Krajina, ah non, le Monténégro… Il faut absolument que les politiques défendent la préservation de l’identité nationale de notre pays.»

Culte des criminels de guerre

L’idéologie de la Grande Serbie était au cœur des guerres menées dans les années 90 par Slobodan Milosevic, lors de l’implosion de la Yougoslavie. Aujourd’hui, une grande partie de la jeunesse serbe voue un véritable culte aux anciens chefs de guerre. Les portraits de Ratko Mladic parsèment les rues de Belgrade. «Pour moi, c’est un héros serbe, affirme Uros, sans hésitation. Un homme qui a sauvé les Serbes