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Italie

Face à la sécheresse, les agriculteurs siciliens craignent des «décennies de travail et de sacrifices jetées à la poubelle»

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A Cammarata, dans les terres intérieures de la Sicile, comme dans le reste de l’île, les agriculteurs manquent d’eau pour faire tourner leur exploitation. A cause de la sécheresse, qui sévit depuis des mois, et d’un réseau de distribution des ressources hydriques défaillant.
Liborio Mangiapane et sa famille doivent régulièrement aller chercher de l’eau pour leurs vaches jusqu'à un puits situé à plus de 10  kilomètres. (Roselena Ramistella/Libération)
par Izia Rouviller, envoyée spéciale à Cammarata
publié le 30 août 2024 à 7h18

Parfois, quand la vache Odissea fourre son museau dans l’abreuvoir automatique de l’étable, aucune goutte ne vient lui chatouiller les naseaux. Avec ses 99 congénères de la race sicilienne modicana, elle a soif, bien plus que d’habitude. Depuis juin 2023, la sécheresse assomme leur exploitation agricole de la campagne vallonnée de Cammarata, comme dans le reste de la Sicile. La peau brunie par le soleil, Liborio Mangiapane distribue quelques caresses à ses petites fiertés, comme quatre générations d’éleveurs avant lui.

Les 10 000 litres d’eau que l’éleveur de 60 ans utilise quotidiennement pour les abreuver et faire tourner sa ferme ne suffisent plus. Alors, une à deux fois par jour, depuis mai, lui et ses fils prennent leurs camions pour aller en chercher davantage à une dizaine de kilomètres de là, auprès d’un puits privé réquisitionné d’urgence par le maire pour les agriculteurs. Il y retrouve d’autres collègues contraints de faire de même. Tous attendent la pluie depuis des mois. Grand classique de l’été sicilien, la sécheresse asphyxie de plus en plus les agriculteurs de l’île. Sa fréquence et son intensité s’accentuent au fil des années sous l’effet du dérèglement climatique.

«Si cela continue, nous devrons abattre les animaux. L’absence d’un flux d’eau const