Contre la cigarette, qui cause 700 000 morts par an sur le continent, la Commission européenne passe à la vitesse supérieure. Comme l’avait révélé dans la matinée le média Euronews, l’organe exécutif européen a adopté ce mardi 17 septembre un projet de renforcement de ses lignes directrices de prévention du tabagisme passif, qui datent de 2009. Dans le cadre de son plan «Vaincre le cancer», qui vise à réduire le tabagisme de 30 % d’ici à 2025 et à créer une «génération sans tabac» d’ici à 2040, elle souhaite notamment élargir la liste les lieux d’interdiction et des produits concernés. Explications.
Que prévoit le texte ?
La Commission européenne propose d’étendre l’interdiction de fumer à divers espaces extérieurs ou semi-extérieurs. A l’heure actuelle, parmi les Etats-membres de l’UE, «le niveau général d’inclusion des espaces extérieurs dans les politiques d’interdiction de fumer est faible», justifie l’instance dans une déclaration relayée par Euronews. Les terrasses d’établissements de services comme les restaurants, les bars ou les cafés devraient ainsi être concernées. Idem pour les arrêts de bus, les aéroports, les espaces extérieurs liés aux lieux de travail, les hôpitaux et les maisons de retraite.
Pour protéger les enfants, plus vulnérables à l’exposition passive au tabac, la Commission européenne souhaite aussi interdire la cigarette dans des lieux tels que les crèches, les terrains de jeux publics, les piscines et les zoos. «Chaque année dans l’Union européenne, 700 000 personnes perdent la vie à cause de la consommation de tabac, dont des dizaines de milliers à cause du tabagisme passif. Dans une Union européenne de la santé, nous avons le devoir de protéger nos citoyens, en particulier les enfants et les jeunes, contre l’exposition à la fumée et aux émissions nocives», a expliqué la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides, dont le mandat est sur le point de s’achever.
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Quels produits sont concernés ?
C’est l’autre axe d’attaque de la Commission européenne, qui veut élargir ses efforts aux «substituts du tabac et tout autre produit émettant de la fumée et /ou des aérosols». Sont visés notamment les produits du tabac chauffés et cigarettes électroniques, «qu’ils contiennent de la nicotine ou non». A propos des cigarettes électroniques, défendues par certains addictologues comme une alternative au tabac, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’inquiétait à l’été 2023 qu’elles menaçaient de «renormaliser le comportement tabagique, en particulier chez les jeunes» et demeuraient «nocives pour la santé».
«Les preuves de l’utilisation des produits émergents comme aide au sevrage tabagique ne sont pas concluantes», assure la Commission, citée par Euronews. L’instance estime qu’il est de plus en plus évident que l’exposition indirecte aux «aérosols des cigarettes électroniques, avec ou sans nicotine, expose les passants à des niveaux quantifiables de particules et à des substances toxiques et contaminantes essentielles». Plusieurs pays européens, dont la France et la Belgique, ont d’ores et déjà décidé ces derniers mois de bannir les puffs, ces cigarettes électroniques jetables prisées des adolescents.
Concrètement, qu’est-ce que ça va changer ?
Dans l’immédiat, pas énormément de choses. Les lignes directrices de la Commission européenne ont uniquement valeur de recommandations : elles ne sont pas juridiquement contraignantes pour les Etats-membres. Elles leur proposent plutôt un cadre d’action et une gamme de mesures dans leurs efforts de lutte contre le tabagisme. Charge ensuite aux gouvernements nationaux de s’en saisir ou non.
Quelles sont les réactions ?
Dans un communiqué publié avant la communication officielle de la Commission européenne, la coalition d’ONG Smoke Free Partnership a salué «un premier pas important vers une Europe en meilleure santé». «Bien qu’elle ne soit pas contraignante, la recommandation apporte un soutien crucial aux pays de l’UE où la législation [en matière de lutte contre le tabagisme] est plus faible, comme l’Allemagne, la Croatie, la Bulgarie, Chypre et la Slovaquie. En effet, l’Eurobaromètre 2023 révèle des disparités importantes entre les pays de l’UE en ce qui concerne les politiques d’interdiction de fumer à l’extérieur», explique-t-elle. La proposition de la Commission devait initialement être dévoilée fin 2023, mais sa publication avait été reportée, de même que d’autres mesures de lutte contre le tabagisme, ce qui avait suscité l’inquiétude des associations.
Mise à jour : mardi 17 septembre à 16 h 30, avec la confirmation par la Commission européenne des informations d’Euronews.