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En quête de titre

Finale de l’Euro féminin de football: l’Angleterre toute entière derrière ses «Lionesses»

Euro féminin de football 2022dossier
Les Anglaises jouent dimanche 31 juillet leur première finale de l’Euro face à l’Allemagne, dans l’emblématique stade de Wembley. Le pays est saisi d’une fièvre inédite pour du football féminin pour soutenir ses «Lionesses» (ses lionnes).
Le 31 juillet près de Trafalgar Square, supportrices et supporters anglais se pressent pour assister à la finale de l'Euro féminin de football. (Niklas Halle'n/AFP)
publié le 31 juillet 2022 à 17h30
(mis à jour le 31 juillet 2022 à 17h30)

Un engouement sans précédent. Dans le Nord-Ouest de Londres, ce dimanche après-midi, familles, couples et amis se pressaient déjà autour du stade de Wembley dans une ambiance bon enfant. A 17 heures (heure locale) se tient la finale de l’Euro féminin de football entre l’Angleterre et l’Allemagne, et l’excitation se fait sentir. Plus les heures passent et plus le raz-de-marée rouge et blanc, avec quelques touches rouges, jaune et noir allemandes, s’épaissit. Les visages sont couverts de peinture, les enfants soufflent dans les trompettes et les drapeaux nationaux flottent le long de la rue qui mène jusqu’au stade. Ce jour devrait signer un record pour Wembley, car le match se joue à guichets fermés. Un peu plus de 87 000 amoureux du ballon rond assisteront depuis les gradins à la rencontre entre les deux équipes, qui s’avère prometteuse. Des millions d’autres ont prévu de se tasser dans les fan zones, dans les pubs ou derrière leur télévision. L’an dernier, 67 000 supporters étaient dans les gradins pour la finale de l’Euro masculin. Les Italiens avaient alors brisé le rêve de l’équipe d’Angleterre, en remportant le trophée après les tirs au but. Hommes et femmes confondus, les Anglais implorent un trophée international depuis 1966 et la victoire masculine à la Coupe du monde.

Au cœur de la capitale britannique, on célèbre aussi les «Lionesses», surnom de l’équipe anglaise de cet Euro féminin, qui emballe les foules outre-Manche. Alors qu’au 10, Downing Street, la façade a été décorée avec des dizaines de drapeaux, à quelques mètres de là, dans la cour de Buckingham Palace, les iconiques gardes ont repris en début d’après-midi l’hymne des fans anglais Sweet Caroline, traditionnellement chanté avant un match. Le prince William, deuxième dans l’ordre de succession au trône, a diffusé une vidéo sur Twitter où il souhaite bonne chance aux «Lionesses». Sa fille Charlotte, 7 ans, conclut le tout : «Bonne chance ! J’espère que vous allez gagner !» Enfin, signe que cet Euro féminin revêt un caractère exceptionnel, un ballet aérien, mené par des femmes pilotes, est prévu juste avant le premier coup de sifflet. Une popularité et un enthousiasme qui se sont fait attendre, remarquent Gemma et Tom, un couple de supporters bardés de drapeaux anglais sur le dos : «D’année en année, il y a de plus en plus de personnes qui suivent les femmes. Sûrement parce qu’il y a de plus de couverture médiatique qu’avant, notamment sur la BBC. Ils font beaucoup d’efforts récemment, donc ça aide.»

Une compétition en forme de catalyseur ?

Une mise en avant qui encourage de nombreuses petites filles à poursuivre leur rêve de devenir footballeuse professionnelle. Dans la foule, des dizaines de gamines ont chaussé leurs crampons pour l’occasion. Enfant, Gemma n’a «jamais vu les femmes jouer au football. Et je pense que c’est très important pour les futures générations» de voir les deux sexes, affirme-t-elle. Son copain abonde : «Les filles pourront grandir avec des modèles, et s’imaginer jouer à Wembley plus tard. C’est vraiment important.» Dans le monde du football, les femmes sont encore largement discriminées. Le manque de financement, de représentation et un sexisme encore très présent découragent de nombreuses apprenties footballeuses à poursuivre une carrière. Richard Harman, père d’une fillette de neuf ans qui rêve de devenir footballeuse professionnelle, espère que cet Euro féminin sera un «catalyseur et l’élan dont nous avons besoin dans le football féminin. Il faut plus d’égalité entre les garçons et les filles dans ce domaine.»

«Quoi qu’il se passe à Wembley ce soir, je sais que les terrains de jeux et les parcs de ce pays seront remplis de filles et de femmes qui n’auront aucun doute quant au fait que le football n’est pas seulement pour les garçons, mais vraiment pour tout le monde», a ainsi résumé le Premier ministre en partance, Boris Johnson, dans une lettre adressée aux joueuses ce dimanche. Un sentiment partagé par le leader de l’opposition travailliste, Keir Starmer : «Elles nous ont déjà rendus fiers, mais si elles gagnent, ce sera un jour historique – qui devrait être marqué par une journée de célébration, où les clubs pourront ouvrir et promouvoir l’accès des femmes et des filles», a-t-il souhaité sur Twitter.

Dans les coulisses, les joueuses, calmes et résolues selon leur coach, n’appréhendaient pas la rencontre fatidique. Si elles l’emportent, celles-ci auront accompli deux prouesses : remporter pour la première fois cette compétition européenne – l’Allemagne a, elle, gagné déjà huit fois le trophée – et populariser le football féminin outre-Manche et, même peut-être à l’international. «La finale n’est pas la fin du voyage mais son commencement. Et ce, quel que soit le résultat final, […] on aura vraiment commencé quelque chose, s’est félicitée samedi la capitaine des Lionnes, Leah Williamson, lors d’une conférence de presse. Ce que nous voyons dans ce tournoi, c’est que cela n’est pas seulement un changement pour le football féminin, mais pour la société en général, sur comment nous sommes perçues.»