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Finlande : le conservateur Petteri Orpo élu Premier ministre

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
En politique depuis trente ans, le chef du parti de la Coalition nationale (Kok) va prendre la place de Sanna Marin à la tête du gouvernement finlandais. Avec pour seule boussole, les finances publiques.
Petteri Orpo lors de son discours de victoire dimanche 2 avril 2023 à Helsinki. (Alessandro Rampazzo/AFP)
publié le 3 avril 2023 à 19h44
(mis à jour le 20 juin 2023 à 10h48)

Peu de gens auraient imaginé que celui qui a mis douze ans pour obtenir son diplôme universitaire se propulserait à la tête de Finlande. Pourtant, Petteri Orpo, 53 ans, n’a jamais douté de lui. Début avril, le parti historique de centre droit «Kok» a remporté d’un cheveu les législatives, engrangeant 20,7 % des voix, juste devant le parti populiste des Finlandais (20,1 %) et le parti social-démocrate de Sanna Marin (19,9 %).

Son parti n’a cependant décroché qu’une majorité relative, 48 sièges sur 200 au Parlement, contraignant ce spécialiste des questions budgétaires à devoir mener des négociations périlleuses - avec la gauche ou avec l’extrême droite - pour former un gouvernement. C’est finalement vers l’extrême-droite que Petteri Orpo et son parti ont penché. Ce mardi 20 juin, il a été grâce à cet accord élu sans surprise Premier ministre par les députés.

Réputé pour être quelqu’un de posé, voire de trop calme, le tempérament d’Orpo convient «parfaitement à la Finlande», explique le journaliste Matti Koivisto. Amoureux de randonnée et de pêche, il est notamment connu dans son pays pour ses excursions en motoneige en Laponie avec le président de son parti, Sauli Niinisto. La nature d’un côté, la politique de l’autre.

«Je veux doper la croissance économique»

Le nouveau chef du gouvernement, visage aussi carré que ses lunettes, y a été initié dès son enfance. Son père, Hannu Orpo a enquillé sept mandats au conseil municipal de Köyliö (municipalité au sud-ouest de la Finlande) en tant que membre du parti de la Coalition nationale. Son fils a naturellement suivi le chemin de son paternel. Lors d’une interview donnée au journal finlandais Ilta-Sanomat, il racontait ses premiers souvenirs : «J’ai assisté à une réunion importante dans la cuisine de la maison de mon enfance, à table. Depuis mon plus jeune âge, je m’intéresse à ces questions.»

Son diplôme de science politique, spécialisé en économie, lui a pris plus de dix ans mais ce furent «des années fantastiques», a-t-il raconté, car il prend alors la présidence d’un syndicat étudiant. De quoi continuer sur sa lancée politique, se fabriquer une idéologie et un carnet d’adresses solides. Cela fait donc plus de trente ans qu’il fait de la politique, ce qui l’a mené jusqu’à trois ministères : l’Agriculture (2014-2015), l’Intérieur (2015-2016) et, son dada, les Finances (2016-2019).

Même très serrée, sa victoire de dimanche est largement due au programme budgétaire de celui qui se qualifie lui-même de «conservateur fiscal». La Finlande est déjà considérée comme membre tacite du groupe des pays «frugaux» ou «radins» de l’Union européenne. Avec Petteri Orpo, les étincelles ne devraient pas manquer à Bruxelles lors des prochaines négociations budgétaires. «Je veux réparer notre économie, je veux doper la croissance économique», a-t-il répété dimanche après la publication des résultats. Selon lui, «la chose la plus importante […] c’est d’arrêter d’augmenter la dette».

Pourtant, sur cette question, la Finlande a moins de sueurs froides que beaucoup d’autres : sa dette représente 73 % du PIB. Même en deçà de ses voisins européens, cela représente une augmentation de dix points en quatre ans. Pendant sa campagne, Petteri Orpo a réussi à convaincre qu’un plan d’économies de six milliards d’euros était nécessaire. Face à une Sanna Marin plutôt appréciée par les Finlandais sur les autres grands dossiers - gestion de la pandémie de Covid, adhésion à l’Otan, fermeté face à Moscou et soutien engagé pour l’Ukraine - il avait trouvé la faille. Pour lui, l’ancienne Première ministre de 37 ans «ne s’inquiète pas de l’économie, elle ne s’inquiète pas de la dette». Réponse de l’intéressée : Petteri Orpo veut «prendre aux pauvres pour donner aux riches».

Mise à jour le 20 juin à 10 h 50 : Petteri Orpo a été élu Premier ministre