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Polémique

Francofolies en Belgique : des prestations annulées face à la programmation du chanteur franco-israélien Amir

Trois artistes féminines ont décidé d’annuler leur venue au festival, qui se tient jusqu’à dimanche dans la ville de Spa, après avoir appris la venue du chanteur, accusé de soutenir le gouvernement israélien.
Aux Francofolies, à Spa, en juillet 2024. (Virginie Lefour/Belga. AFP)
publié le 18 juillet 2025 à 16h57

Plusieurs artistes qui devaient se produire aux Francofolies de Spa, en Belgique, ont décidé d’annuler leur prestation en raison de la présence du chanteur franco-israélien Amir. Il est accusé par des militants propalestiniens de soutenir la politique de Benyamin Nétanyahou.

Il s’agit de trois artistes féminines, la chanteuse franco-suisse Yoa et deux musiciennes du collectif belge de street art Who’s That Girl, a précisé la direction du festival. La maison de disques d’Amir, Parlophone (groupe Warner), a dénoncé un «déferlement de haine antisémite».

Des appels au boycott d’Amir ont été largement relayés sur les réseaux sociaux ces derniers jours, notamment par les militants d’un mouvement propalestinien de Liège baptisé «Liège Occupation Free». Ce mouvement accuse le chanteur, qui doit se produire vendredi à Spa, d’être «un sergent-chef de l’armée israélienne» et de soutenir le «génocide» dans le territoire palestinien de Gaza. En cause aussi : sa participation «à un événement dans la colonie illégale d’Hébron» en Cisjordanie en août 2014, sa présence à une soirée de soutien à Tsahal organisée par Yoni Chetboun, officier décoré de l’armée et figure du parti nationaliste d’extrême droite «HaBayit HaYehudi», ainsi que «son absence de prise de position critique face aux crimes commis par le gouvernement israélien», explique le collectif dans un communiqué.

En conséquence, «j’ai décidé de me retirer des Francofolies de Spa», a réagi sur son compte Instagram Raquel Almeida alias DJ RaQL, une Bruxelloise d’origine capverdienne, dont le collectif Who’s That Girl veut promouvoir les artistes femmes issues des minorités de genre. «Je préfère rester alignée avec mes valeurs et mon engagement pour la Palestine», a-t-elle ajouté. DJ RaQL devait se produire dimanche à ce festival. Yoa devait chanter vendredi, le même jour qu’Amir.

Thèmes universels et consensuels de ses chansons

Dans un communiqué, la direction des Francofolies a reconnu avoir reçu ces quinze derniers jours de nombreux appels à la déprogrammation d’Amir, tout en annonçant sa décision de le maintenir. «Nous sommes révoltés par la tragédie en cours à Gaza» et «il est compréhensible que des citoyen·nes et des artistes nous interpellent sur les engagements d’un artiste à l’affiche», a fait valoir le festival. Mais concernant Amir, «aucune prise de parole propagandiste n’a jamais été observée sur scène» et «nous ne sommes pas en mesure d’évaluer moralement sa trajectoire personnelle» autrement que par ses chansons traitant de «thèmes universels et consensuels tels que l’amour, la fête, la quête de soi et la résilience».

Dans un message sur le réseau X, l’organisation antiraciste française Licra a apporté son soutien à Amir, estimant qu’il était «victime de la sottise militante». Sur CNews, la ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, a affirmé son soutien à l’artiste. «Amir est un grand artiste. Certains appellent à son boycott parce qu’il est franco-israelien et, aussi, parce qu’il est juif. C’est intolérable. Ça n’a pas et ça n’aura jamais sa place dans la République française», a-t-elle écrit ensuite sur le réseau social X.