Après un week-end particulièrement meurtrier en Ukraine et en Russie, un conseiller sécurité travaillant avec des journalistes de Reuters a été tué samedi dans une frappe de missile sur leur hôtel à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, a annoncé l’agence de presse britannique dimanche 25 août. L’homme «faisait partie de l’équipe de Reuters qui logeait à l’Hôtel Sapphire à Kramatorsk […] lorsqu’il a été frappé par un tir de missile», a précisé l’agence dans un communiqué sur X, en se disant «dévastée» par la nouvelle. «Deux de nos journalistes sont à l’hôpital ; l’un est soigné pour des blessures graves», a ajouté Reuters, en précisant que trois autres collègues étaient indemnes.
«Nous recherchons d’urgence de plus amples informations, travaillons avec les autorités de Kramatorsk et apportons notre soutien à nos collègues et à leurs familles», a ajouté l’agence.
Reportage
L’hôtel «a été pris pour cible» par l’armée russe, a dénoncé dans la matinée Vadym Filachkine, gouverneur de la région ukrainienne de Donetsk (dans l’est), où se déroule l’essentiel des combats. «L’un de nos collègues [qui couvrait la guerre en Ukraine] est porté disparu, tandis que deux autres ont été emmenés à l’hôpital pour y être soignés», a annoncé Reuters dans un communiqué, précisant que trois autres membres de leur équipe sont indemnes. Nous «travaillons avec les autorités de Kramatorsk et apportons notre soutien à nos collègues et à leurs familles. Nous vous tiendrons au courant dès que nous aurons plus d’informations», a ajouté l’agence de presse.
Selon Vadym Filachkine, les trois victimes sont des «citoyens d’Ukraine, des Etats-Unis et du Royaume-Uni». L’attaque, qui a endommagé l’hôtel Sapphire et un bâtiment voisin, a eu lieu «au milieu de la nuit», a-t-il poursuivi sur Telegram. «La police et les secouristes travaillent sur les lieux. Les décombres sont en train d’être déblayés et les opérations de sauvetage sont en cours», a-t-il ajouté. Sur des photos diffusées par Reuters, on aperçoit un bâtiment presque entièrement détruit, tandis que plusieurs secouristes s’activent aux alentours.
Des attaques répétées sur Kramatorsk
Dernière grande ville du Donbass sous contrôle ukrainien, Kramatorsk est située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la ligne de front. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février 2022, cette ville – qui comptait environ 150 000 habitants avant la guerre – fait l’objet d’attaques répétées des forces russes. En avril 2022, la gare de Kramatorsk avait été la cible d’un bombardement qui avait fait plus de 60 morts et plus d’une centaine de blessés. Quelques mois plus tard, en juin 2023, un tir de roquette avait frappé un restaurant de la ville, tuant 13 personnes.
Mais la ville de l’Est n’est pas la seule à être prise pour cible. Ailleurs en Ukraine, 14 personnes ont été tuées dans des bombardements russes ces dernières vingt-quatre heures : sept dans la région de Donetsk (dans l’Est) et quatre dans celle de Soumy (dans le Nord), selon les autorités locales. Dans la région de Kherson (dans le Sud), trois personnes ont aussi été tuées, selon la police ukrainienne. «L’armée russe a tiré sur des zones résidentielles de la région de Kherson en utilisant des lance-roquettes multiples, de l’artillerie, des avions et des drones», ont annoncé les forces de l’ordre sur Telegram. Au moins 34 personnes ont également été blessées dans ces frappes.
Au moins onze journalistes tués depuis février 2022
Du côté de la Russie, qui fait face depuis plus de deux semaines à une incursion dans la région de Koursk, six personnes ont été tuées dans des bombardements ukrainiens dans la région voisine de Belgorod pendant la nuit, a annoncé ce dimanche le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov. Selon lui, 13 personnes ont également été blessées, dont six qui sont «dans un état grave». De son côté, le gouverneur de la région de Koursk, Alexeï Smirnov, a rapporté que quatre missiles ukrainiens avaient été abattus dans la soirée de samedi.
Selon l’ONG Reporters sans frontières, au moins 11 journalistes ont été tués en Ukraine et 35 ont été blessés depuis le début de l’invasion russe. Le 9 mai 2023, le coordinateur vidéo de l’AFP en Ukraine, Arman Soldin, avait été tué à l’âge de 32 ans, dans une frappe de roquettes lors d’un reportage à Tchassiv Iar, une localité ukrainienne à proximité de Bakhmout, dans la région de Donetsk.
Mise à jour : ce lundi 26 août à 7h42, avec l’ajout de la déclaration de Reuters précisant l’état de santé des victimes.