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Guerre

Frappe ukrainienne en Crimée : le Kremlin hausse le ton contre Washington

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
La Russie a menacé lundi les Etats-Unis de représailles, au lendemain d’une frappe ukrainienne en Crimée menée selon elle à l’aide de missiles américains.
Vladimir Poutine au Kremlin, le 24 juin. (Vyacheslav Prokofyev/AP)
par Louise Moussu
publié le 24 juin 2024 à 19h22

Le ton est monté d’un cran lundi 24 juin, entre Moscou et Washington. Dimanche, la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par la Russie, a fait l’objet d’une frappe ukrainienne meurtrière. Pour le Kremlin, le missile était américain. Il a donc fallu convoquer, ce lundi, Lynne Tracy, l’ambassadrice des Etats-Unis à Moscou. Pour la prévenir de «mesures de rétorsion» et de «conséquences» à venir.

Selon Moscou, en effet, c’est au moyen de missiles ATACMS – modèle américain – qu’aurait été menée cette attaque. Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé dimanche les Etats-Unis de «mener une guerre hybride contre la Russie», et d’être «devenus parties au conflit». Selon le gouverneur de la région, l’attaque aurait fait au moins 4 morts et plus de 150 blessés dans la ville de Sébastopol, où «des débris des cibles abattues [sont] tombés sur les zones côtières».

La Crimée, point d’ancrage important pour l’armée russe

Depuis le début de l’offensive russe en février 2022, la Crimée, qui appartient toujours à l’Ukraine selon le droit international, est ciblée par Kyiv. La péninsule constitue un point d’ancrage important pour l’armée russe et la ville portuaire de Sébastopol abrite le quartier général de la flotte russe en mer Noire. Depuis deux ans, la riposte ukrainienne dans la mer Noire parvient fréquemment à détruire des navires et à fragiliser la force navale ennemie.

Comme en riposte, c’est l’autre grande ville portuaire de la mer Noire, Odessa, qui a été visée lundi matin par la Russie. Point militaire et commercial vital pour Kyiv, la ville est régulièrement visée par les missiles et drones de Moscou. L’attaque des missiles de croisière russes y a fait quatre blessés et y a causé un important incendie sur 3 000 m², selon les autorités.

Après y avoir d’abord été réticents, les Etats-Unis ont accepté, après la violente offensive terrestre russe dans la région de Kharkiv en mai, que Kyiv utilise leurs armes pour atteindre les territoires que la Russie considère comme siens. Pour Moscou, c’est une ligne rouge, qui prouve, selon eux, que les Occidentaux sont aux manettes dans cette guerre. Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe, a accusé lundi les gouvernements occidentaux de «tuer des enfants russes». Le ministère russe de la Défense a renchéri, en déclarant que «la responsabilité de la frappe de missiles délibérée contre des civils à Sébastopol incombe avant tout à Washington, qui a fourni ces armes à l’Ukraine».