Moins de quatre jours après la spectaculaire intrusion dans le ciel polonais de 19 drones russes, un autre pays membre de l’Otan, la Roumanie, a affirmé samedi 13 septembre au soir qu’un appareil sans pilote avait violé son espace aérien. Dans le même temps, les Polonais et l’Alliance atlantique ont déployé des hélicoptères et des avions de combat en raison d’attaques de drones russes en Ukraine, non loin de la frontière polonaise.
Bucarest «condamne fermement» ce dimanche 14 septembre «les actions irresponsables de la Fédération de Russie et souligne qu’elles représentent un nouveau défi pour la sécurité et la stabilité régionales dans la région de la mer Noire», a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué, ajoutant que «de tels incidents démontrent le manque de respect de la Fédération de Russie pour le droit international».
Analyse
La Roumanie a par ailleurs convoqué dimanche l’ambassadeur de Russie pour dénoncer ce vol «inacceptable» de drone dans son espace aérien. Il s’agit de «communiquer clairement la protestation de la Roumanie» concernant l’intrusion de l’appareil, a expliqué la ministre roumaine des Affaires étrangères Oana Toiu à la chaîne de télévision Digi 24.
Dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 septembre, l’ambassade de Russie à Bucarest a qualifié de «provocation» de l’Ukraine l’intrusion du drone en Roumanie : «Tous les faits portent à croire que c’était en effet une provocation délibérée du régime de Kyiv» visant «à entraîner les autres pays européens dans une aventure militaire dangereuse contre la Fédération de Russie», a déclaré l’’ambassadeur russe à Bucarest, Vladimir Lipaïev.
Deux avions de combat F-16
Samedi, sans affirmer directement que le drone était russe, Bucarest a précisé que l’engin avait violé son espace aérien lors d’une attaque russe contre des infrastructures en Ukraine voisine. En réaction, l’armée roumaine a dépêché dans la soirée deux avions de combat F-16 pour surveiller la situation en liaison avec ces bombardements sur le sol ukrainien qui ont «détecté un drone dans l’espace aérien national», a expliqué dans un communiqué le ministère de la Défense. Les appareils ont suivi cet engin jusqu’à ce qu’il «disparaisse des radars» près du village de Chilia Veche, a-t-il ajouté.
Le drone «n’a pas survolé de zones habitées et n’a pas constitué une menace imminente pour la sécurité de la population» en Roumanie, membre comme la Pologne de l’Otan, a précisé le ministère.
Le Commandement opérationnel des Forces armées polonaises a, lui, fait état d’opérations d’avions «polonais et alliés» en «raison de la menace de frappes de véhicules aériens sans pilote [des drones, ndlr] dans les régions d’Ukraine limitrophes de la République de Pologne». Il a ajouté que «les systèmes terrestres de défense aérienne et de reconnaissance radar ont atteint leur plus haut niveau d’alerte».
Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a lui aussi évoqué sur X «la menace posée par des drones russes opérant au-dessus de l’Ukraine, près de la frontière polonaise» au cours de la journée de samedi. L’espace aérien au-dessus de l’aéroport de Lublin (sud-est) a été fermé et plusieurs vols ont dû être détournés ou retardés. Tusk a annoncé dans la soirée que l’alerte avait été levée. «Nous restons vigilants», a averti le chef du gouvernement à Varsovie.
«Escalade majeure»
La Pologne et les pays de l’Alliance atlantique ayant une présence militaire sur son sol sont en état d’alerte depuis l’intrusion dans la nuit du 9 au 10 septembre d’une vingtaine de drones russes.
Evoquant samedi cette spectaculaire intrusion, la première de ce genre depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, l’a qualifiée «d’inacceptable», ainsi que de «regrettable et dangereuse». «La question est de savoir si les drones avaient pour objectif spécifique de pénétrer en Pologne. Si c’est le cas […] alors il s’agit évidemment d’une escalade majeure», a ajouté le chef de la diplomatie américaine, soulignant qu’il faudrait encore «quelques jours» pour en savoir plus.
Pour sa part, Donald Trump a affirmé être prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les pays de l’Otan arrêtent d’acheter du pétrole russe. «Je suis prêt à prendre des sanctions significatives contre la Russie, à partir du moment où tous les pays de l’Otan l’auront également décidé et quand tous les pays de l’Otan auront ARRETE D’ACHETER DU PETROLE A LA RUSSIE», a-t-il écrit sur son réseau Truth Social. Donald Trump évoque régulièrement la possibilité de sanctions contre les banques et le secteur pétrolier russes, sans s’y engager fermement.
Face à la menace russe, plusieurs pays européens, dont la France, l’Allemagne et la Suède, ont annoncé le renforcement de leur contribution à la défense aérienne de la Pologne le long de sa frontière orientale avec l’Ukraine et le Bélarus.
Mise à jour : ce lundi 15 septembre à 8 h 56, avec l’ajout de la convocation de l’ambassadeur de Russie et les déclarations de ce dernier.