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Europe

Frontex, une agence dans la tempête

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Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Depuis l’ouverture d’une enquête de l’Office européen de lutte antifraude, la super agence de garde-côtes fait face à de vives critiques. «Libé» a pu consulter des dizaines de documents internes et interviewer plusieurs salariés qui décrivent tous une institution au bord de la rupture.
Une opération de contrôle des frontières, entre la Grèce et la Turquie, à Molyvos. (Isopix/Sipa)
publié le 5 février 2021 à 14h23

Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez Frontex ? Le navire amiral chargé de la protection des frontières de l’Europe prend l’eau de toutes parts. Son management ploie sous les soupçons. Et ses méthodes sont sous le feu des critiques pour sa gestion des migrants, loin des standards de droits de l’homme. Certains de ces hauts dirigeants quittent déjà le navire passé, depuis son lancement il y a seize ans, de petite coquille de noix à l’agence la mieux dotée de l’UE, avec près de 500 millions d’euros de budget. Une ascension fulgurante qui, à la faveur de la crise migratoire, a connu une croissance sans précédent et devrait voir ses fonds multipliés par dix d’ici six ans.

Un cabinet surnommé «France Télécom»

Il ne se passe pas une semaine sans que l’on découvre ses dérives supposées. Comme, par exemple, ces 94 000 euros d’argent public dépensés en 2015 pour une simple réception à sa gloire. Mais le premier vrai coup de semonce s’est produit le 7 décembre 2020. Ce jour-là, l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) perquisitionne le quartier général de la super agence de garde-côtes européens à Varsovie, en Pologne. Les enquêteurs se concentrent alors sur deux bureaux, trustés par deux Français : le patron, Fabrice Leggeri, et son directeur de cabinet, Thibauld de La Haye Jousselin. Selon les informations de Libération, du média d’investigation