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Libération
Imbroglio diplomatique

Espionnage : la Russie dit avoir convoqué l’ambassadeur d’Allemagne à Moscou, Berlin dément

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Après la diffusion des propos d’officiers de haut rang de la Bundeswehr sur les réseaux sociaux vendredi, Berlin avait jugé cette opération comme «faisant partie d’une guerre de l’information que Poutine mène».
Alexander Graf Lambsdorff le 15 mai 2023. (Horst Galuschka/DPA.AFP)
publié le 4 mars 2024 à 9h39
(mis à jour le 4 mars 2024 à 12h12)

De quoi ajouter encore aux tensions déjà vives entre l’Allemagne et la Russie. Le gouvernement allemand a démenti ce lundi 4 mars en fin de matinée la convocation de son ambassadeur à Moscou au ministère russe des Affaires étrangères, annoncée plus tôt par la Russie. «Notre ambassadeur avait ce matin un rendez-vous prévu de longue date au ministère russe des Affaires étrangères», a assuré à la presse un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

En début de matinée ce lundi, l’AFP affirmait que l’ambassadeur d’Allemagne en Russie, Alexander Graf Lambsdorff, avait été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères, après la diffusion sur les réseaux sociaux d’échanges présumés entre plusieurs officiers allemands sur des livraisons d’armes à l’Ukraine. Le représentant allemand a ensuite quitté le ministère sans faire de commentaires, selon les agences de presse russes.

En parallèle, Moscou a dénoncé ces échanges au sein de l’armée allemande, dont l’authenticité a été confirmée par Berlin. Ils montrent «une fois de plus l’implication directe de l’Occident collectif dans le conflit en l’Ukraine», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «L’enregistrement lui-même témoigne qu’au sein de la Bundeswehr, on discute de manière détaillée et concrète de projets d’effectuer des frappes contre le territoire russe», a-t-il estimé, «tout est plus qu’évident».

Un enregistrement audio d’une réunion en visioconférence d’officiers de haut rang allemands avait été diffusé vendredi sur les réseaux sociaux depuis la Russie. Dans cette conversation, les participants parlent notamment de l’hypothèse de la livraison à Kiev de missiles de longue portée Taurus, de fabrication allemande, de ce qui serait nécessaire pour permettre aux forces ukrainiennes de les utiliser et de leur impact éventuel. Dès samedi, Berlin a confirmé que l’enregistrement était authentique et qu’il avait été «intercepté».

En réaction, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a accusé dimanche le président russe Vladimir Poutine de chercher à «déstabiliser» le pays avec cet enregistrement. Cela «fait partie d’une guerre de l’information que Poutine mène», a-t-il ajouté, «il s’agit clairement de saper notre unité […], de semer la division politique sur le plan intérieur et j’espère sincèrement que Poutine n’y parviendra pas».

A Moscou, le numéro deux du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a accusé dimanche sur Telegram l’Allemagne de «préparer la guerre contre la Russie».

L’argumentaire de Scholz rejeté

Le contenu de la conversation diffusée est embarrassant pour l’Allemagne à plusieurs titres. D’abord Berlin refuse officiellement jusqu’ici de livrer des missiles Taurus à Kiev, arguant d’un risque d’escalade de la guerre car cela entraînerait, de l’avis du chancelier Olaf Scholz, l’implication de soldats allemands pour aider au maniement des armes. Or, les officiers allemands espionnés estiment dans leurs échanges que cela ne nécessiterait pas forcément la participation de soldats de la Bundeswehr. Une manière de rejeter l’argumentaire du chancelier, qui se retrouve en position inconfortable.

Tout aussi embarrassant pour Berlin, on entend au cours de la conversation les officiers révéler des détails sur la manière dont le Royaume-Uni et la France aident l’armée ukrainienne à utiliser les missiles de longue portée Scalp que les deux pays livrent à Kiev.

Mise à jour : à 12 h 12, avec la déclaration du porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.