Trois jours après la catastrophe qui a endeuillé le 3 septembre le Portugal, les premières réponses sur les causes de l’accident nous parviennent au compte-goutte. Le câble reliant les deux cabines serait à l’origine du drame, il se serait «déconnecté» selon des résultats préliminaires, et non des conclusions définitives. «L’inspection visuelle programmée, réalisée le matin du jour de l’accident, n’a détecté aucune anomalie sur le câble», précisent néanmoins les enquêteurs dans une première note censée refléter des constatations confirmées. A ce stade, les causes précises de l’accident ne sont toujours élucidées.
Transports
Le câble utilisé a normalement «une durée de vie utile de 600 jours», or celui qui était en place au moment de l’accident «avait été installé il y a 337 jours», indiquent par ailleurs les enquêteurs précisant que la zone où «le câble a cédé n’est pas visible sans démontage».
Le patron du gestionnaire des transports lisboètes, Carris, a plusieurs fois affirmé depuis l’accident survenu mercredi que les travaux de maintenance, effectués depuis plusieurs années par un sous-traitant, avaient toujours été réalisés dans les temps.
Le funiculaire de la Gloria, qui dans sa configuration actuelle date de 1914, est composé de deux wagons jaunes, pouvant accueillir 42 personnes, qui montent et descendent alternativement par un système de contrepoids, un dénivelé de 45 mètres sur 276 mètres de long, «avec une inclinaison moyenne de 18 %», rappellent les enquêteurs.
60 km/h au moment du choc
Et selon les premiers éléments de l’enquête révélés samedi, le choc lorsque le funiculaire a percuté un immeuble après avoir dévalé sans s’arrêter la rue du centre-ville où l’accident a eu lieu «s’est produit à une vitesse de l’ordre de 60 km/h». «Les cabines sont connectées entre elles par un câble qui équilibre leur poids via une grande roue réversible située au sommet de la Calçada da Glória dans un compartiment technique souterrain», décrivent aussi les enquêteurs, soulignant que le câble reliant les deux wagons était enterré.
«À 18 h 00 (19 heures en France) le 3 septembre, le funiculaire de Gloria avait ses cabines stationnées dans leurs gares respectives», poursuivent-ils, précisant que le nombre précis de passagers dans chaque cabine n’est pas connu à ce stade. Quelques minutes plus tard, les cabines commencent leur trajet mais «quelques instants après le départ et après avoir parcouru environ six mètres, (elles) perdent subitement la force d’équilibre garantie par le câble de connexion qui les unit». «La cabine n° 2 (en bas du parcours) recule brusquement […]. Quant à la cabine n° 1, en haut de la Calçada da Glória, elle continue son mouvement descendant en augmentant sa vitesse», malgré les tentatives du conducteur de la freiner, décrivent les enquêteurs. «Environ 170 mètres après le début de son trajet, au début de la courbe à droite, que l’alignement de la Calçada présente dans sa partie finale, le véhicule, en raison de sa vitesse, a déraillé et a commencé à se renverser», ajoutent-ils encore.
«Mouvement incontrôlé»
«Le véhicule a totalement perdu son guidage, heurtant latéralement la partie supérieure de la cabine contre le mur de l’immeuble situé du côté gauche de la Calçada, ce qui a initié la destruction de la caisse en bois, puis heurtant frontalement un lampadaire public et un support du réseau aérien électrique de l’ascenseur, les deux en fonte, lesquels ont causé des dégâts très significatifs à la caisse, et terminant peu après son mouvement incontrôlé contre le coin d’un autre immeuble», concluent-ils.
Le Bureau d’enquête prévoit de publier un rapport préliminaire dans un délai de 45 jours, détaillant les premières conclusions de l’enquête et le rapport final qui fera d’éventuelles recommandations de sécurité, dans un délai d’un an. Si ce délai ne peut être respecté, les enquêteurs n’excluent pas de publier un rapport intermédiaire pour faire le point sur l’enquête.
L’accident de funiculaire a suscité une vive émotion au Portugal et dans le monde. Le dernier bilan fait état de 16 morts, dont cinq Portugais et onze étrangers (trois Britanniques, deux Sud-Coréens, deux Canadiens, une Française, un Suisse, un Américain et un Ukrainien), ainsi qu’une vingtaine de blessés.