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Le portrait

Gamlet Zinkivsky, l’art dans la guerre

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le street-artist ukrainien refuse de quitter sa ville natale de Kharkiv, où il recouvre les murs dévastés de ses œuvres.
Gamlet Zinkivsky, à Kharkiv le 6 juin 2024. (George Ivanchenko/Libération)
publié le 30 juin 2024 à 14h07

Gamlet Zinkivsky dit souvent «fuck». «Fuck» les politiciens, «fuck» ceux qui ne soutiennent pas les soldats ukrainiens, «fuck» les bavards qui ne disent rien. Le street-artist le plus connu d’Ukraine n’a plus de temps à perdre, plus de patience ni de plans d’avenir. Il n’a plus qu’un objectif : financer les soldats ukrainiens. Depuis que la guerre a commencé, le 24 février 2022, il a donné aux brigades de Kharkiv, sa ville natale du nord-est de l’Ukraine, environ 80 000 dollars (75 000 euros), une somme significative dans un pays où le salaire mensuel moyen s’établit à moins de 350 dollars. «Je vends entre 3 000 et 5 000 dollars un tableau. Je garde 10 %. Le reste sert à acheter des drones, des voitures, des systèmes de brouillage radio. C’est sûr qu’avec cet argent, j’aurais pu acheter cinq ou six appartements. Mais à quoi bon ? Une roquette et vous n’avez plus de logement. La guerre simplifie la vie, elle change le rapport au temps. Je connais trop de gens, civils et soldats, qui ont été tués pour me projeter. Je ne pense pas au-delà de la fin de la journée, et encore, comment savoir si je serai encore vivant ? C’est ici et maintenant.» Il rit et ajoute : «Fuck it.»

Kharkiv est l’une des villes ukrainiennes qui a le plus souffert de la guerre. Deuxième cité du pays, à une trentain