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Interview

Gaza : «Les éléments constitutifs qui pourraient amener à conclure à la qualification pénale de génocide ne semblent pas présents»

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Gaza, l'engrenagedossier
Sans nier l’existence possible de crimes de guerre ou contre l’humanité, deux chefs d’accusation retenus par la Cour pénale internationale contre Israël et le Hamas, le juriste Yann Jurovics appelle à la prudence.
Dans le camp de réfugiés de Jabalia, à Gaza, le 29 janvier. (Mahmoud Issa/Reuters)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 3 février 2025 à 8h30

Selon Yann Jurovics, rien ne permet d’accuser Israël d’avoir commis un crime de génocide contre la population civile palestinienne de Gaza, contrairement à ce que défendent des associations palestiniennes, des ONG comme Human Rights Watch ou Amnesty International, auteur d’un long rapport sur le sujet en décembre, des partis politiques et des Etats du «Sud global». Maître de conférences en droit international à l’université de Paris-Saclay, Yann Jurovics, 54 ans, est un ancien juriste près la Chambre d’appel des tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda.

Les éléments constitutifs du crime de génocide sont-ils réunis à Gaza ?

Deux remarques préalables : d’une part, le mot «génocide» fait souvent l’objet d’une instrumentalisation politique et victimaire, comme s’il s’agissait d’affirmer une qualité de souffrance, alors que le droit international ne fait pas de différence de gravité entre les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le crime de génocide. D’autre part, lorsqu’on raisonne sur les éléments constitutifs d’un crime qui sera jugé par un tribunal, on le fait en tant que juriste. Il ne faudrait surtout pas qu’on entende de ma part une forme de froideur vis-à-vis