Menu
Libération
Guerre

Gaza : malgré les pressions européennes, Israël poursuit les bombardements

Au moins 82 Palestiniens sont morts sous les bombes ce mercredi 21 mai et l’aide humanitaire est toujours bloquée par l’armée israélienne. Les récriminations de pays occidentaux restent lettre morte.
Un Palestinien blessé par un bombardement de l'armée israélienne est transporté vers l'hôpital Al-Aqsa de Gaza. (Ramadan Abed/REUTERS)
publié le 21 mai 2025 à 19h52

Les pressions et la colère de plusieurs pays occidentaux n’y ont rien changé : Israël a poursuivi mercredi son offensive visant à annexer la bande de Gaza. Ses attaques ont tué au moins 82 personnes, dont 14 membres d’une même famille à Khan Younes, dans le sud, et un nourrisson d’une semaine dans le centre de l’enclave, selon le ministère de la Santé et des sources hospitalières.

La veille, une majorité de 17 Etats européens sur 27 avaient affiché leur exaspération en demandant à la Commission d’examiner si Israël respectait ses obligations définies dans l’accord commercial et politique ratifié en 2000 avec l’Union européenne. Son article 2 stipule que doivent être respectés les droits humains et des principes démocratiques. Lundi, la France, le Canada et le Royaume-Uni avaient déclaré qu’ils «ne resteraient pas les bras croisés [face aux] actions scandaleuses» du gouvernement de Benyamin Nétanyahou à Gaza et au «niveau de souffrance intolérable» des civils. Dans la foulée, Londres avait annoncé suspendre son traité de libre-échange avec Tel-Aviv.

«Politiques de blocus et de famine»

Mercredi, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui a demandé plusieurs fois au Hamas de quitter le pouvoir à Gaza, s’est félicité des pressions étrangères. «Nous saluons les positions des pays de l’Union européenne, des pays donateurs, et du comité ministériel arabo-islamique, a-t-il déclaré dans un communiqué. Tous ont rejeté les politiques de blocus, de famine, de déplacement et de saisie de terres.»

Sans surprise, Israël a condamné la possible révision de l’accord avec l’UE. «Nous rejetons totalement l’orientation [de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas] qui reflète une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël est confronté et qui encourage le Hamas à rester sur ses positions», a déclaré sur X le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Oren Marmorstein.

L’Allemagne, qui ne fait pas partie des 17 pays ayant saisi la Commission, a de son côté défendu l’accord avec Israël en le qualifiant «de forum important» qui doit être utilisé «pour discuter des questions cruciales». «Au final, je pense que nous partageons tous le même objectif [au sein de l’UE] : il s’agit de trouver une solution à ce conflit à Gaza», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Christian Wagner, malgré des «divergences» entre les Vingt-Sept.

«Aucune de ces aides n’a atteint la population»

Les habitants de Gaza, soumis à un blocus depuis le 2 mars, attendent toujours en vain une aide humanitaire. Dimanche, le gouvernement israélien avait annoncé une reprise des livraisons. «Pour des raisons diplomatiques», avait précisé le lendemain Benyamin Nétanyahou, des «images de famine de masse» pouvant nuire à l’effort de guerre israélien. Selon le dernier rapport IPC publié le 12 mai, qui compile des données d’ONG et d’agences des Nations unies, Gaza est confronté à un «risque critique de famine».

L’organisme israélien qui contrôle l’entrée de l’aide à Gaza a affirmé mercredi que des camions avaient pénétré dans l’enclave, sans préciser si leur cargaison pourrait être acheminée plus profondément, les Gazaouis ne pouvant s’approcher de la barrière qui les sépare d’Israël. «Aucune de ces aides – un nombre très limité de camions – n’a atteint la population de Gaza», a déclaré mercredi Antoine Renard, directeur du Programme alimentaire mondial en Palestine. Selon lui, les cargaisons sont restées bloquées au poste-frontière de Kerem Shalom. Israël affirme que 100 camions d’aide humanitaire sont autorisés à passer par jour. Il y en avait 500 quotidiennement, selon l’ONU, avant le déclenchement de la guerre, le 7 octobre 2023 après les attaques terroristes du Hamas.

«La décision des autorités israéliennes d’autoriser l’entrée d’une quantité ridiculement insuffisante d’aide à Gaza après des mois d’un siège hermétique ne sert qu’à éviter l’accusation d’affamer les habitants de Gaza, tout en permettant à peine leur survie, a déclaré mercredi Pascale Coissard, coordinatrice d’urgence de Médecins sans frontières à Khan Younes. Ce plan est une façon d’instrumentaliser l’aide, d’en faire un outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes.» Depuis Rome, le pape Léon XIV a lancé un «appel pressant» à laisser entrer «une aide humanitaire décente» et à «mettre fin aux hostilités dont le prix atroce est payé par les enfants, les personnes âgées et les malades».