Menu
Libération
Rupture

Géorgie : des manifestations éclatent après la suspension des négociations d’adhésion à l’Union européenne

Tbilissi a été le théâtre de manifestations pro-européennes dans la nuit de jeudi 28 novembre à vendredi. Alors que 79 % des Géorgiens souhaitent devenir membre de l’Europe, le parti pro-russe au pouvoir a déclaré jeudi rompre ses négociations d’adhésion à l’UE.
Un homme tient un drapeau de l'Union européenne alors que des personnes manifestent près du bâtiment du Parlement en opposition à la décision du gouvernement de retarder les négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE) jusqu'en 2028, dans le centre de Tbilissi. (Giorgi Arjevanidze/AFP)
publié le 28 novembre 2024 à 18h27
(mis à jour le 29 novembre 2024 à 10h42)

Des drapeaux de l’Union européenne ont volé dans les rues de la capitale géorgienne, Tbilissi, dans la soirée du 28 novembre, jusqu’au petit matin. Des manifestants se sont réunis devant le Parlement et le siège du parti pro-russe au pouvoir Rêve géorgien pour dénoncer la décision du gouvernement prise dans la journée de retarder à 2028 les négociations pour intégrer l’Union européenne. Selon une enquête publiée fin 2023, 79 % des Géorgiens souhaitent adhérer à l’Europe.

Peu après minuit, la police anti-émeute a tiré des gaz lacrymogènes contre les manifestants. Des agents masqués ont par la suite fait usage de balles en caoutchouc à l’encontre des protestataires. Ils ont battu certains contestataires ainsi que des journalistes présents. En face, les manifestants ont érigé des barricades qu’ils ont enflammées. Les médias locaux ont fait état de plusieurs arrestations. La présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a dénoncé sur X une «répression» qui s’est poursuivie selon elle jusqu’à 6 h 30 du matin. Selon le ministère de l’Intérieur géorgien, 43 personnes ont été arrêtées lors de la manifestation «pour avoir désobéi aux ordres légitimes de la police et pour vandalisme».


Une rupture avec l’Europe

Dans la journée du 28 novembre, le parti pro-russe Rêve géorgien avait annoncé suspendre les négociations d’adhésion à l’Europe jusqu’en 2028, et refuser toute subvention budgétaire de Bruxelles. Pourtant, cela ne faisait même pas un an que la Géorgie avait obtenu le statut de candidat officiel pour devenir membre de l’Union Européenne. La cause de cette décision soudaine ? Le sujet brûlant des élections législatives du 26 octobre, contestées et boycottées par l’opposition pro-occidentale géorgienne, mais aussi par l’Union Européenne.

Le Parlement européen a communiqué jeudi 28 novembre à propos de ces élections, en rejetant les résultats. Les députés européens «demandent l’organisation d’un nouveau vote dans un délai d’un an» qui serait fait sous contrôle international. Bruxelles accuse Rêve géorgien d’être «entièrement responsable» d’un recul démocratique dans le pays et d’avoir manipulé l’élection. Le pays du Caucase a répondu aux déclarations européennes en les qualifiant de «cascade d’insultes».

La présidente Zourabichvili demande toujours l’annulation des législatives

Les relations entre la Géorgie et le Parlement européen se dégradent déjà depuis quelques mois. Fin juin 2024, le Conseil européen avait gelé le processus d’adhésion du pays à cause de l’adoption d’une loi sur la transparence de l’influence étrangère, qualifiée de «loi Poutine».

L’Union Européenne suit la ligne des pro-occidentaux géorgiens, qui qualifient l’élection de «fraude». Depuis lundi 25 novembre, les députés du parti de l’opposition refusent de participer aux discussions du Parlement nouvellement élu en Géorgie. Les députés de Rêve géorgien ont voté ce jeudi 28 novembre, à l’unanimité, pour qu’Irakli Kobakhidzé, actuel Premier ministre, conserve son poste, malgré le boycott des pro-occidentaux.

La présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement mené par Rêve géorgien, a déclaré «inconstitutionnel» le nouveau Parlement. Elle attend toujours une réponse à sa demande d’annulation des résultats des législatives auprès de la Cour constitutionnelle. Selon des experts, tout vote effectué par le nouveau Parlement ne peut être officialisé tant que la demande de Salomé Zourabichvili n’a pas été étudiée.

Mise à jour à 10h41 avec la manifestation réprimée jeudi soir.