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Libération
«Loi Poutine»

Géorgie : malgré la rue, le projet de loi sur l’«influence étrangère» adopté en 2e lecture

Deux votes de passés, il en reste encore un. Le projet de loi sur «l’influence étrangère» est adopté en 2e lecture en Géorgie. Les opposants continuent de s’exprimer dans la rue.
Une manifestation contre le projet de loi sur l’«influence étrangère», le 16 avril 2024, devant le Parlement Tbilissi. (Vano Shlamov /AFP)
publié le 1er mai 2024 à 20h21

Des dizaines de milliers de manifestants sont encore descendues dans la rue mercredi 1er mai, au soir, en Géorgie pour protester, sans succès contre le projet de loi controversé sur l’«influence étrangère». Le texte a été adopté en deuxième lecture par le Parlement malgré des semaines de mobilisation massive de ses détracteurs. Les députés ont voté à 83 pour et 23 contre ce texte que le parti au pouvoir du Rêve géorgien veut adopter définitivement d’ici mi-mai. Le texte doit encore passer une troisième lecture et la présidente Salomé Zourabichvili, qui est en conflit avec le parti au pouvoir, devrait mettre son veto, mais le Rêve géorgien dispose d’assez de voix pour pouvoir passer outre.

Brandissant des drapeaux de la Géorgie et de l’Union européenne, les manifestants se sont rassemblés mercredi devant le bâtiment du parlement, où le rassemblement de la veille avait été dispersé par la police à coup de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, a constaté un journaliste de l’AFP. Mardi soir, la police avait déjà utilisé les mêmes stratagèmes pour disperser les milliers de manifestants qui s’étaient rassemblés contre ce texte vu comme un obstacle aux aspirations du pays d’adhérer à l’UE, et appelé «loi Poutine». Brandissant des drapeaux géorgiens et européens, des milliers de manifestants se sont rassemblés à nouveau devant le parlement, tentant de bloquer les entrées du bâtiment. Si cette loi est adoptée, elle exigera que toute ONG ou organisation médiatique recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger s’enregistre en tant qu’ «organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère».

Une première version du texte, inspiré d’une loi russe utilisée par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes, avait été abandonnée l’année dernière après des manifestations de rue d’ampleur. La reprise des débats au Parlement, en avril, avait donné lieu à une bagarre entre députés. Aleko Elisashvili, membre du parti pro-européen Citizens a décidé de courir vers Mamuka Mdinaradze, corapporteur du projet de loi et membre du parti Rêve géorgien, pour lui mettre un coup de poing au visage. S’en est suivie une bagarre générale en plein cœur de l’hémicycle entraînant l’arrêt de la retransmission des images. La session a été interrompue quelques minutes avant que l’ordre revienne.