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Punition

Proche de Poutine, Gerhard Schröder privé d’une partie de ses avantages d’ex-chancelier allemand

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
La coalition réunissant sociaux-démocrates, écologistes et libéraux, doit adopter ce jeudi une réforme des avantages attribués aux anciens chefs de gouvernement. Dans leur viseur: Gerhard Schröder, détenteur de plusieurs mandats dans des groupes russes.
Gerhard Schröder et Vladimir Poutine, en 2005. (Vladimir Rodionov/AFP)
publié le 19 mai 2022 à 16h02

La coalition au pouvoir en Allemagne s’est attaquée, ce jeudi, aux privilèges accordés aux anciens chefs de gouvernement. En particulier Gerhard Schröder (au pouvoir de 1998 à 2005), proche de Vladimir Poutine et détenteur de plusieurs mandats dans des groupes russes. «Les groupes parlementaires de la coalition ont tiré les conséquences du comportement de l’ancien chancelier et lobbyiste Gerhard Schröder face à l’invasion russe en Ukraine», indique la commission budgétaire du Bundestag, qui demande à ce que les avantages de l’ex-chancelier soient sucrés. En l’espèce, plusieurs bureaux à la chambre des députés et à un budget pour du personnel. Un privilège qui coûte 400 000 euros annuels an aux contribuables.

«Manifestement aux côtés de gouvernements criminels»

La commission des budgets de la coalition invite plus largement «le gouvernement fédéral à veiller à ce que la dotation de fonction des anciens chanceliers fédéraux soit maintenue en conformité avec l’obligation continue de la fonction et non pas en fonction du statut» d’ex-chancelier. Gerhard Schröder n’est ainsi pas exclusivement concerné et Angela Merkel elle-même pourrait voir rogner ses avantages (collaborateurs, chauffeurs, bureaux mis à disposition…). Mais c’est bien Gerhard Schröder, devenu une figure encombrante en Allemagne y compris pour le chancelier Olaf Scholz, qui est principalement visé.

La commission des budgets constate ainsi, selon le document de la coalition, que Gerhard Schröder, 77 ans, n’a «pas d’obligation continue découlant de sa fonction». Il n’est «plus concevable qu’un bureau soit mis à sa disposition par le contribuable» à l’ex-chancelier (1998-2005), expliquait trois semaines plus tôt Christian Lindner, président du parti libéral FDP, membre de la coalition dirigée par le chancelier Olaf Scholz, dans les journaux du groupe Funke. «Les anciens titulaires de postes de haut niveau, qui sont manifestement aux côtés de gouvernements criminels, ne peuvent pas compter sur le soutien de l’Etat, fustigeait encore Christian Lindner. Il serait avisé d’uniformiser l’équipement des anciens titulaires de postes de haut niveau et de le réduire au fil du temps. Dans ce contexte, il faudrait aussi parler d’une sorte de code d’honneur en ce qui concerne le comportement.»

Aucune intention de démissionner

Gerhard Schröder est sous pression depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Contrairement à la plupart des anciens dirigeants européens présents, avant la guerre en Ukraine, dans les instances dirigeantes des entreprises russes, il n’a pas démissionné. La polémique avait rebondi fin avril, après une interview diffusée par le New York Times, dans laquelle Gerhard Schröder affirmait n’avoir aucune intention en l’état de renoncer à ses mandats dans les entreprises russes, et qu’il ne le ferait que si Moscou venait à cesser ses livraisons de gaz à l’Allemagne. Un scénario auquel il disait ne pas croire.

S’il voit une partie de ses avantages supprimés, l’ancien dirigeant social-démocrate, âgé de 77 ans et lâché ces derniers mois par une partie de ses collaborateurs, conservera cependant sa protection policière et sa pension de retraite d’ex-chancelier.