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Réactions

Après la mort de Gorbatchev, l’Occident salue la mémoire du dernier dirigeant de l’URSS

Courageux, visionnaire, homme de paix... Les hommages se multiplient après l’annonce du décès de Mikhaïl Gorbatchev.
Mikhaïl Gorbatchev, le 17 avril 1986, à Berlin. (-/AFP)
publié le 31 août 2022 à 8h14

Comme une ironie du sort, celui qui a œuvré pour mettre fin à la guerre froide, s’éteint au moment où son pays mène une guerre sans merci contre son voisin ukrainien. La mort mardi soir à 91 ans de Mikhaïl Gorbatchev après une lutte contre la maladie, a suscité de vibrants hommages en Occident, où son rôle crucial pour mettre fin à des décennies de Guerre froide et son combat pour la paix ont été salués.

Dans un communiqué, le président américain, Joe Biden, a rendu hommage à un «leader rare». Ses actes furent ceux d’un dirigeant ayant assez d’«imagination pour voir qu’un autre avenir était possible et le courage de risquer toute sa carrière pour y parvenir. Le résultat fut un monde plus sûr et davantage de liberté pour des millions de personnes», a dit Biden. «L’histoire se souviendra de Mikhaïl Gorbatchev comme d’un géant qui a guidé sa grande nation vers la démocratie», a également réagi l’ancien secrétaire d’Etat James Baker, qui a dirigé la diplomatie américaine de 1989 à 1992.

Les dirigeants européens, qui doivent beaucoup à Gorbatchev dans la pacification du continent, ont multiplié les hommages à celui qui fût le dernier dirigeant de l’URSS. Emmanuel Macron a salué un «homme de paix dont les choix ont ouvert un chemin de liberté aux Russes. Son engagement pour la paix en Europe a changé notre histoire commune», a souligné le président français dans un tweet. De l’autre côté de la Manche, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a déclaré dans un tweet : «J’ai toujours admiré le courage et l’intégrité dont il a fait preuve pour mettre fin à la guerre froide.» Il a également rappelé qu’à l’heure de l’invasion russe sur l’Ukraine «son engagement [Gorbatchev] inlassable pour l’ouverture de la société soviétique reste un exemple pour nous tous».

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a salué le «désir de paix» de Gorbatchev ainsi que «son opposition à une vision impérialiste de la Russie». Des messages «d’autant plus actuels face à la tragédie de l’invasion de l’Ukraine» par Moscou. Son homologue allemand Olaf Scholz a quant à lui souligné que la mort de Gorbatchev intervenait «à une époque où la démocratie a échoué en Russie». Le chancelier social-démocrate a en outre salué en Gorbatchev celui qui a «rendu la Perestroïka possible», en marge d’un séminaire du gouvernement au château de Meseberg, près de Berlin, qualifiant Gorbatchev de «réformateur courageux». Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a lui remercié l’ancien dirigeant soviétique «pour sa contribution décisive à l’unité allemande». L’ancienne chancelière Angela Merkel, qui a grandi en ex-Allemagne de l’Est, écrit de Gorbatchev qu’il «a montré par l’exemple comment un seul homme d’Etat peut changer le monde pour le mieux», dans une déclaration au ton particulièrement ému. «Mikhaïl Gorbatchev a également changé ma vie de manière fondamentale. Je ne l’oublierai jamais.»

Pour le président israélien Isaac Herzog, Gorbatchev était «une des figures les plus extraordinaires du XXe siècle. C’était un leader courageux et visionnaire, qui a façonné notre monde d’une manière que l’on pensait inimaginable», tandis que l’ex-chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, proche de Vladimir Poutine, a salué sur son compte twitter «un champion de la démocratie», «un homme qui a changé l’histoire du XXe siècle». «Sa clairvoyance et son jugement serein nous manqueront, surtout dans ces heures difficiles de la politique internationale», a ajouté Berlusconi.

L’ancien président colombien et Nobel de la paix 2016, Juan Manuel Santos, qualifie Gorbatchev - qui a lui-même reçu ce Nobel en 1990 - comme «un champion de la paix. […] Le monde a besoin de beaucoup plus de leaders comme lui», a-t-il notamment écrit dans un tweet.

La Chine a également présenté ses condoléances à la famille de Mikhaïl Gorbatchev et salué son rôle dans le rapprochement entre Pékin et Moscou, après trois décennies de rupture. «Mikhaïl Gorbatchev a contribué de manière positive à la normalisation des relations entre la Chine et l’Union soviétique», a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

Pour le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, «le monde a perdu un immense dirigeant mondial, engagé envers le multilatéralisme, et défenseur infatigable de la paix». Le chef de l’ONU a, dans un communiqué, honoré la mémoire d’«un homme d’Etat unique qui a changé le cours de l’histoire» et fait «plus que n’importe qui pour provoquer de façon pacifique la fin de la guerre froide».

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a de son côté salué sur Twitter «un dirigeant digne de confiance et respecté» qui «a joué un rôle crucial pour mettre fin à la guerre froide et faire tomber le rideau de fer. Il a ouvert la voie à une Europe libre», a-t-elle souligné.

L’émotion des réactions occidentales contraste avec la sobriété du président russe, Vladimir Poutine, qui a exprimé «ses profondes condoléances» et qui «enverra [mercredi] dans la matinée un télégramme de condoléances à la famille et aux proches» de l’ancien dirigeant, selon le porte-parole du Kremlin. Pour l’heure, les réactions les plus laudatrices en Russie viennent des libéraux. «Nous sommes tous orphelins. Mais tout le monde ne l’a pas compris», a tweeté pour sa part Alexeï Venediktov, un ami de Mikhaïl Gorbatchev et ancien chef de la radio russe Ekho Moskvy, fermée pour avoir dénoncé l’offensive en Ukraine. Dans une tribune, le journaliste russe Dmitri Mouratov, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2021, a dit: «Gardons cela en mémoire pour toujours: il aimait sa femme plus que son travail, plaçait les droits humains au-dessus de l’Etat, accordait plus de valeur à un ciel paisible qu’au pouvoir personnel.»

Dernière mise à jour à 11h14 avec les réactions de l’Allemagne, la Chine, Israël, l’Italie, Angela Merkel, Silvio Berlusconi, Juan Manuel Santos, et Dmitri Mouratov.