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Benjamin Haddad aux affaires européennes du gouvernement Barnier : un proche de Macron très offensif sur la guerre en Ukraine

C’est un fidèle de la première heure que le chef de l’Etat a chargé des affaires européennes. Venu de la droite, partisan d’une diplomatie européenne plus offensive, Benjamin Haddad n’évite pas toujours les polémiques.
Le député Renaissance Benjamin Haddad au Palais-Bourbon le 8 juillet. (Xose Bouzas/Hans Lucas. AFP)
publié le 22 septembre 2024 à 15h41

Le message est clair : en offrant à Benjamin Haddad le portefeuille de l’Europe, comme à Jean-Noël Barrot celui du Quai d’Orsay, le nouveau gouvernement permet à Emmanuel Macron de garder la main sur la politique extérieure de la France. Agé de 38 ans, le nouveau ministre en charge des Affaires européennes fait en effet partie des jeunes loups fidèles à la macronie, Haddad ayant rejoint l’actuel président dès 2017. Il est alors chercheur au sein de l’Hudson Institute, un think-tank plutôt conservateur basé à Washington. Mais déjà à l’époque, ce jeune technocrate, diplômé d’un master en relations internationales à Sciences-Po, était engagé en politique. Longtemps proche de Jean-François Copé, il se situait alors clairement à droite et deviendra, de 2011 à 2014, secrétaire national de l’UMP.

Très tôt également, il montre un intérêt, tout aussi engagé, pour les affaires internationales. Son séjour aux Etats-Unis, où il intégrera également le Conseil atlantique, autre think-tank visant à promouvoir les liens entre ce pays et le continent européen, a pu lui assurer un solide réseau relationnel et un attachement au renforcement de la relation bilatérale entre les deux puissances occidentales. Une relation un temps perturbée par l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Mais qui renforcera sa conviction que l’Europe doit se doter d’une plus grande autonomie, notamment en matière de défense. Tout en restant l’alliée des Etats Unis.

Génération Maidan

Mais c’est d’abord l’Europe qui passionne ce natif du XVIe arrondissement de Paris, où il sera élu député dès 2022, puis réélu aux dernières législatives. Loin du Trocadéro, Haddad fait partie de cette génération, comme Raphaël Glucksmann, qui se rendra en 2014 soutenir le mouvement pro-démocratie de Maidan en Ukraine. «Ce fut pour moi un tournant», a-t-il expliqué. La guerre en Ukraine ne fera que renforcer cette conviction.

Quand en mars dernier, Macron évoque la possibilité d’envoyer des troupes au sol (depuis abandonnée), quand en juin, la France envoie des Mirage 2000 à l’Ukraine, Haddad, par ailleurs membre de la commission des Affaires étrangères à l’assemblée et président du groupe d’amitié France-Ukraine, va défendre sans relâche dans les médias la position de l’Elysée, insistant encore récemment sur la nécessité pour l’Ukraine de se doter de missiles de longue portée capables de frapper le sol russe.

Mais c’est son positionnement face au conflit qui se déroule à Gaza qui a pu susciter le plus de polémiques. Benjamin Haddad fait partie des premiers députés français à se rendre en Israël juste après l’attaque du 7 Octobre. De retour en France, il se déclare «opposé au cessez-le-feu», alors qu’on comptait déjà plus de 9 000 victimes à Gaza, et défend le droit d’Israël à «se défendre face à un acte barbare». Des propos qui vont immédiatement susciter la polémique et lui vaudront d’être accusé de «jeter de l’huile sur le feu».

Ceux qui critiquent ce trentenaire partisan d’une diplomatie offensive l’accusent également d’avoir tenté de torpiller en 2022 la commission d’enquête parlementaire sur la façon dont l’entreprise Uber a su contourner le droit français. La même année, il s’est par ailleurs opposé, avec succès, à l’installation d’un centre de soins pour les toxicomanes dans le XVIe arrondissement, où il réside toujours avec sa famille. Et si son engagement pro Ukraine le rend favorable à l’accueil des réfugiés venus de ce pays, il fait aussi partie des députés Renaissance qui ont voté pour le Pacte sur l’immigration.