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Tempête

Au Royaume-Uni, Liz Truss annule la baisse prévue des impôts pour les plus riches

Face aux nombreuses critiques de l’opposition travailliste alors que le pays est en récession, le gouvernement britannique décide finalement de revenir sur la baisse des taxes visant les plus aisés.
Liz Truss, à Manchester, le 19 août dernier. (Peter Byrne/AP)
publié le 3 octobre 2022 à 9h10

Le chancelier de l’Echiquier bat en retraite. Ce lundi, le ministre des Finances britannique Kwasi Kwarteng, a d’abord annoncé sur Twitter faire marche arrière sur la baisse d’impôt sur le revenu pour les plus riches pourtant annoncée il y a quelques jours. Une mesure qui a plongé les marchés financiers britanniques dans la tourmente. «Il est clair que la suppression du taux d’imposition à 45 % a éclipsé la mission de nous attaquer aux difficultés dans notre pays. Par conséquent, j’annonce que nous n’allons pas la poursuivre», a tweeté Kwasi Kwarteng, ajoutant : «nous comprenons, nous avons écouté». Sur le plateau de la BBC ce lundi matin, Kwasi Kwarteng a balayé toute démission et refusé de reconnaître une erreur : cette baisse d’impôts pour les plus riches «était une énorme distraction» qui éclipsait «un ensemble solide de mesures», a-t-il martelé.

Même son de cloche du côté de la cheffe du gouvernement. «Nous avons compris et nous avons écouté, a ensuite abondé la Première ministre Liz Truss dans un message publié sur son compte Twitter. L’abolition du taux de 45 % était devenue une distraction par rapport à notre mission de faire bouger la Grande-Bretagne. Nous nous concentrons maintenant sur la construction d’une économie à forte croissance qui finance des services publics de classe mondiale, augmente les salaires et crée des opportunités dans tout le pays». La livre réagissait peu à l’annonce du retrait de la mesure: elle était en légère hausse de 0,3% à 1,1206 dollar au petit matin. En agissant ainsi, le gouvernement de Liz Truss, en place depuis à peine un mois, s’efforce de sauver le paquet de mesures présenté le 23 septembre en expurgeant sa mesure la plus controversée.

«De mauvaises valeurs»

Pudiquement appelé «événement fiscal» – un euphémisme pour désigner ce qui est en fait la plus importante réduction d’impôts depuis 1972 – ce mini-budget annoncé fin septembre par les ministres britanniques reprenait les grands thèmes de la campagne de Liz Truss : déréguler, emprunter, et baisser les taxes et cotisations sociales. Le 23 septembre, dans une chambre des Communes pleine à craquer, Kwarteng avait martelé devant les députés qu’il s’agissait d’une «nouvelle ère», blâmant la guerre en Ukraine et les lois européennes pour les difficultés économiques du Royaume-Uni.

Poids lourd de la majorité, l’ex-ministre Michael Gove a jugé dimanche sur la BBC qu’«avoir pour principale mesure fiscale la réduction de l’impôt pour les plus riches, c’est mettre en avant de mauvaises valeurs». De quoi déstabiliser encore un peu plus le gouvernement. Au pouvoir depuis à peine un mois, Liz Truss voit s’accumuler les sondages désastreux à deux ans des prochaines élections générales. Une récente étude YouGov donne 33 points d’avance à l’opposition travailliste et selon une autre, un Britannique sur deux (51%) souhaite qu’elle démissionne. Dans la rue dimanche, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Birmingham au cri de «Tories out», ou «dites-le haut et fort, les Tories ne sont pas les bienvenus ici». Sur l’estrade face aux manifestants, l’influent syndicaliste du rail Mick Lynch a qualifié la situation actuelle de «lutte des classes», appelant la classe ouvrière à «changer le pays» et «changer la société».