Une banderole jaune et noire barre le bâtiment de la Banque centrale européenne (BCE). «Arrêtez de financer les tueurs climatiques», réclame-t-elle. Deux militants de Greenpeace ont survolé en parapente motorisé une tour de la BCE, à Francfort, en Allemagne, avant de s’y poser et de déployer le drapeau jaune d’une dizaine de mètres de long, ce mercredi. Pendant ce temps, un troisième activiste a continué à tournoyer au-dessus de l’institution bancaire de l’UE à bord de son parapente, traînant une autre bannière jaune vif, siglée des mots «Agissez pour le climat maintenant !»
.@lagarde @Isabel_Schnabel the @ECB keeps fuelling the #ClimateEmergency by accepting #FossilFuels bonds, harming people and the environment.
— Greenpeace EU (@GreenpeaceEU) March 10, 2021
Europe’s Central Bank must stop supporting polluters and say no to #FossilFuels assets. pic.twitter.com/7GuPf8Xqnr
L’ONG écologiste entend ainsi attirer l’attention sur son dernier rapport concernant le système financier européen. Elle y dénonce la politique de rachat de la dette mise en place par la BCE qui favoriserait les grandes entreprises de l’énergie fossile, comme Total, Shell, Eni et Repsol. Selon le rapport, publié conjointement avec trois universités anglaises et le groupe de réflexion New Economics Foundation, la Banque centrale a garanti plus de 300 milliards d’euros d’actifs, bénéficiant à plus de 60 entreprises polluantes.
«Il faut passer de la parole aux actes»
L’action intervient à la veille d’une réunion du directoire de la BCE. «Au lieu de favoriser les énergies fossiles, la Banque doit exclure une fois pour toutes ces créances toxiques et changer ses règles pour lutter contre l’urgence climatique», indique Jennifer Morgan, la directrice générale de Greenpeace International. L’ONG relève que Christine Lagarde, la présidente de l’institution bancaire européenne, a pris des engagements en ce sens lors de sa prise de fonctions en novembre 2019. Mais, pour Thomas Henningsen, militant de Greenpeace interrogé par le quotidien économique Il Sole 24 ore, «les engagements verbaux ne suffisent pas. Il faut passer de la parole aux actes».
«Christine Lagarde semble avoir pris conscience qu’elle peut faire quelque chose, contrairement à son prédécesseur Mario Draghi qui refusait de prendre en compte la question climatique dans la politique de rachats d’actifs», abonde Philippe Lamberts, coprésident des Verts au Parlement européen, contacté par Libération. Il salue l’action de Greenpeace, qui permet de «mettre la pression sur la BCE» et rappelle que la «finance est au cœur de la machine à exploiter la planète».
En octobre 2020, déjà, des militants écologistes de Koala Kollektiv avaient manifesté devant les locaux de la Banque centrale pour lui intimer de respecter l’accord de Paris. «La présidente Christine Lagarde affirme régulièrement qu’elle soutient la protection du climat. Mais jusqu’à présent ses belles paroles n’ont été suivies d’aucun effet», écrivait alors le collectif sur son site internet. Ce mercredi, après le retrait de la banderole en fin de matinée, Greenpeace rappelait fermement : «Quand on veut, on peut !»
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