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Analyse

Groupe PPE : Viktor Orbán prend ses cliques et ses clashs

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Le parti du Premier ministre hongrois a quitté mercredi le groupe conservateur au Parlement européen, anticipant une possible suspension. Cette décision l’isole et pourrait renforcer le risque d’un «Hunxit».
Viktor Orbán à Bruxelles, mercredi. (Francisco Seco/AP)
par Jean Quatremer, Correspondant européen et Florence La Bruyère
publié le 3 mars 2021 à 19h29

Viktor Orbán a claqué, mercredi matin, la porte du groupe politique du PPE (Parti populaire européen, conservateur) du Parlement européen. Le Premier ministre hongrois a préféré prendre les devants, craignant que les douze eurodéputés du Fidesz, son parti, ne soient suspendus du groupe dans les prochaines semaines. Un séisme, puisque la dernière fois qu’un parti a quitté le PPE, c’était en 2009, lorsque les conservateurs britanniques de David Cameron avaient décidé de créer leur propre groupe, l’ECR, jugeant le PPE qu’ils avaient rejoint en 1994 trop fédéraliste à leur goût. Sept ans plus tard, c’était le Brexit…

Le Fidesz est un rocher dans la chaussure du PPE depuis que Viktor Orbán a pris un virage illibéral lors de son retour au pouvoir en 2010. Sa dérive autoritaire, contraire aux valeurs du PPE, aurait dû lui valoir depuis longtemps une expulsion du parti (plus large que le groupe puisqu’il compte 70 formations conservatrices provenant de 40 pays du Vieux Continent). Mais la chancelière conservatrice allemande Angela Merkel, qui contrôle le PPE, l’a toujours protégé en partie par fidélité à son prédécesseur Helmut Kohl, qui voulait en faire la famille d’accueil de tous les partis conservateurs (et pas seulement démocrates-chrétiens) d’Europe. Surtout, elle ne voulait pas affaiblir le PPE, son relais d’influence à l’Est, et elle considérait qu’il valait mieux avoir Orbán à l’intérieur, sous un relatif contrôle, qu’à l’extérieur. Elle n’était pas seule, loin de là, les dr