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Libération
Ligne de front

Guerre contre la Russie : l’Ukraine prend pied sur la rive occupée du Dniepr, de «violents combats» font rage

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Ce vendredi, les Ukrainiens ont annoncé avoir réussi à reprendre aux Russes la rive du fleuve de la région de Kherson, où l’affrontement se poursuit. Pour l’armée déconfite par une contre-offensive infructueuse, ce succès ouvre la voie vers un assaut plus important vers le sud.
Des soldats de la marine ukrainienne naviguent le long du Dniepr, près de Kherson (Ukraine), le 14 octobre. (Alex Babenko/AP)
publié le 17 novembre 2023 à 14h27

Enfin une percée. Ce vendredi 17 novembre, l’Ukraine a revendiqué la conquête de positions sur la rive du fleuve Dniepr occupée par les Russes. Dans cette région de Kherson, au sud du pays, de «violents combats se poursuivent», selon l’état-major de l’armée ukrainienne. Après des mois d’une contre-offensive décevante pour Kyiv, ce premier succès augure des opérations de plus grande ampleur.

«Des unités ukrainiennes ont réussi à chasser les Russes de leurs positions sur la rive gauche du fleuve», a précisé l’état-major, faisant état d’une «ligne de fortifications assez importante» et d’une «forte résistance ennemie». L’armée ukrainienne mène également des «opérations de sabotage, de raid et de reconnaissance» sur la rive occupée, a-t-il ajouté. L’objectif de ces opérations est de «repousser l’ennemi aussi loin que possible» du fleuve afin de l’empêcher de pilonner la ville de Kherson et d’autres localités sur la rive droite, contrôlée par les forces de Kyiv. Depuis que l’armée russe s’est retirée de Kherson en novembre 2022, le Dniepr fait office de ligne de front entre les deux belligérants.

Premier succès revendiqué depuis août

Ces derniers jours, le chef de l’administration présidentielle, Andriy Yermak, avait seulement signalé, mardi 14 novembre, que des forces ukrainiennes avaient «pris pied sur la rive gauche du Dniepr», sans plus de précisions. L’Ukraine garde le secret sur l’ampleur des opérations en cours, ses succès et ses pertes. Le lendemain, le dirigeant de la partie occupée de la région de Kherson, Vladimir Saldo, avait cependant admis que plusieurs dizaines ou centaines de soldats ukrainiens avaient réussi à ancrer des positions dans la zone, en particulier aux abords du village de Krynky. Il avait minimisé l’importance de cette avancée, affirmant que des renforts russes avaient été déployés et que les forces ukrainiennes subissaient un «enfer de feu».

Côté russe, un responsable de la zone occupée de Kherson a reconnu cette semaine que les Ukrainiens avaient des positions rive gauche, mais a assuré que l’armée russe les aurait bloqués. Le ministère russe de la Défense n’a pas admis publiquement avoir dû céder du terrain, et a affirmé que de lourdes pertes seraient infligées à l’Ukraine dans le secteur.

Depuis la prise du village du Robotyné en août, dans la région méridionale de Zaporijia, il s’agit du premier succès revendiqué par les Ukrainiens dans la contre-offensive amorcée au début du mois de juin. Kyiv espérait percer rapidement les lignes russes et libérer les zones occupées, mais l’armée ukrainienne n’y est pas parvenue, face à la puissance de feu des défenses russes.

17 % du territoire ukrainien occupé par les Russes

Cette prise de position ouvre la voie pour un assaut plus important vers le sud, qui permettrait d’inverser la tendance d’un front plus ou moins figé. Alors que le conflit entrera dans sa troisième année en février 2024, l’enjeu pour l’Ukraine est aussi d’éviter l’effet de lassitude chez ses alliés occidentaux, au moment où les yeux de la communauté internationale sont tournés vers Israël et la bande de Gaza.

Pour cela, le pays doit réussir à déployer en nombre des hommes, des véhicules et des équipements dans une zone difficile d’accès, sablonneuse et marécageuse. Or, l’Ukraine qui reste extrêmement dépendante des armes et des munitions livrées par les Américains et les Européens, s’inquiète d’une réduction du soutien économique et militaire de certains Etats. Cette semaine, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a averti que l’Union européenne ne sera pas en mesure de livrer un million de munitions avant le printemps comme elle s’y était engagée. Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d’ailleurs révélé que leurs «approvisionnements [d’obus] ont diminué» depuis le début du conflit au Proche-Orient.

De son côté, le Kremlin, qui occupe environ 17 % du territoire ukrainien, affirme avoir réorienté son économie sur la production d’armes et de munitions, et recruté quelque 400 000 soldats supplémentaires depuis le début de l’année. A l’offensive dans plusieurs secteurs malgré des pertes considérables, les principaux efforts russes visent à encercler et conquérir Avdiivka, une ville industrielle dans l’Est, près de Donetsk. C’est une autre épine pour Kyiv, qui craint une nouvelle campagne de bombardements russes contre son infrastructure énergétique, l’hiver approchant.

Mis à jour : à 20 heures avec les déclarations de l’état-major de l’armée ukrainienne et le ministère russe de la Défense.