Le prêtre Andriy Galavin entonne Vichnaya Pamyat, chant religieux en hommage aux morts, repris en chœur par les quelques dizaines de fidèles aux yeux bouffis qui se sont réunis dans le sous-sol de l’église orthodoxe St. Andrew, dont les jardins avaient servi de charnier pendant l’occupation russe. Il est de coutume d’entonner cette litanie une fois par an, une semaine exactement après le dimanche de Pâques, mais ce n’est pas une année comme les autres. Les membres de l’assistance ont écrit sur de petits papiers les noms des disparus à lire à voix haute. La liste est interminable.
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«Oleh, Serhiy, Tetyana…» entonne le prêtre en faisant danser son encensoir. Selon les autorités locales, au moins 448 personnes sont décédées en un mois d’occupation et de nouveaux corps sont encore découverts quotidiennement. Torturés, brûlés, décapités, violés, affamés, abattus d’une balle dans la nuque : rien n’a été épargné aux résidents de Boutcha qui n’avaient pas pu ou voulu fuir l’avancée de Moscou fin février.