Pour le dimanche des Rameaux, Volodymyr Boyko a décidé de se rendre en bus, le n°62, à la cathédrale de la Sainte-Résurrection, dans le centre de Soumy. A quelques arrêts du terminus, le retraité de 69 ans entend la première détonation. Puis une deuxième. «Tout tombait et volait droit sur nous. Je me suis instinctivement penché et accroupi», se souvient Boyko, dont le visage et le crâne chauve sont tailladés par des éclats de shrapnel et de multiples petites blessures couvertes de sang séché. «Lorsque je me suis relevé, j’ai vu l’horreur tout autour de moi ! Les morts étaient empilés les uns sur les autres, raconte-t-il lundi matin, devant chez lui, dans le sud de la ville. Les vitres étaient brisées, les portes bloquées. Je ne savais pas que le chauffeur était déjà mort.» A l’extérieur, les bâtiments brûlaient et les voitures explosaient. Deux missiles balistiques se sont abattus sur la ville du nord-est de l’Ukraine dimanche, tuant 35 personnes et faisant 119 blessées.
Boyko, craignant que les passagers ne brûlent vif à l’intérieur du bus, a d’abord essayé de déverrouiller les portes lui-même, en vain. Kirillo Illiashenko, 13 ans, est venu à son secours, en s’échappant par une fenêtre brisée. L’adolescent a pu débloquer le passage, les blessés se sont extirpés du bus. Volodymyr, en sang, les a aidés à sortir. Il ne se souvient que de quelques images, comme dans un brouillard, et ne s’est pas encore remis du choc. Une jeune femme et une petite fille voya