L’annonce est à prendre avec les doutes habituels qui entourent les déclarations officielles russes. Un haut responsable de l’armée russe, également député, a écarté lundi 3 juillet toute nouvelle mobilisation de civils pour grossir ses troupes, après le départ des hommes du groupe paramilitaire Wagner d’Ukraine. Sur le front, Kyiv a fait état de «combats acharnés» partout, reconnaissant avoir reculé dans quatre zones de la ligne de front dans l’Est et assurant progresser dans le Sud.
«Le président de la Fédération de Russie (Vladimir Poutine) a clairement, de manière compréhensible et spécifique, dit qu’il n’y aurait pas de nouvelle mobilisation», a déclaré lundi à l’agence d’Etat TASS Andreï Kartapolov, à la tête du Comité de Défense de la Douma, la chambre basse du Parlement russe. «Il n’y a aucun besoin de mobilisation aujourd’hui et dans un avenir proche», a-t-il ajouté, déclarant qu’«il n’y a pas du tout de menace de diminution du potentiel de combat» à moyen et long terme, et que Moscou dispose d’effectifs au sein des forces armées russes pour les remplacer.
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Le 13 juin, quelques jours avant l’échec de la mutinerie du groupe paramilitaire, Vladimir Poutine avait lui-même rejeté la possibilité d’une nouvelle mobilisation. Selon le site du Kremlin, il aurait déclaré aux journalistes : «Il n’y a pas un tel besoin aujourd’hui». Après l’échec de la mutinerie, Evgueni Prigojine, le chef du groupe Wagner, a accepté de s’exiler au Bélarus grâce à une médiation menée par Minsk, un allié de Moscou.
Aux termes de cet accord, les combattants de Wagner ont le choix de partir au Bélarus, de retourner à la vie civile, ou de s’engager dans l’armée russe régulière. Evgueni Prigojine a assuré que son soulèvement ne visait pas à renverser le pouvoir, mais à sauver Wagner d’un démantèlement par l’état-major russe, qu’il accuse d’incompétence dans le conflit en Ukraine.
«Des combats intenses sont en cours»
Selon Kyiv, les forces russes ont avancé dimanche 2 juillet dans quatre zones de la ligne de front dans l’Est, mais l’Ukraine a assuré que ses troupes progressaient dans le Sud, un mois environ après le lancement de leur contre-offensive. «L’ennemi concentre ses efforts dans les secteurs de Lyman, Bakhmout, Avdiivka et Mariinka, des combats intenses sont en cours», a déclaré lundi l’état-major ukrainien dans son compte rendu régulier. Dans la nuit de dimanche à lundi, Moscou a attaqué l’Ukraine au moyen de missiles et de drones iraniens Shahed, a ajouté la même source, sans fournir de précisions sur d’éventuels dégâts ou victimes.
L’armée ukrainienne a repris aux forces russes 37 kilomètres carrés dans l’est et le sud du pays en une semaine, a affirmé lundi la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar. Dans le Sud, «les territoires libérés ont augmenté de 28,4 kilomètres carrés», portant à 158 km² la surface totale reprise dans cette zone depuis le lancement de la contre-offensive, selon elle. Dans l’Est, les gains de Kiev ont seulement atteint 9 km², a-t-elle ajouté. «Il y a partout des combats acharnés», «la situation est assez difficile», écrivait la veille Ganna Maliar sur Telegram.
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Mardi dernier, une frappe russe contre un restaurant de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, avait grièvement blessé une soixantaine de personnes, dont l’écrivaine Victoria Amelina. L’autrice ukrainienne est morte samedi, a annoncé la branche ukrainienne de l’ONG internationale Pen Club, ce qui porte à 13 morts le bilan du bombardement. Les troupes ukrainiennes «travaillent en permanence et sans relâche à créer les conditions d’une avance aussi rapide que possible», a écrit dimanche Ganna Maliar.
L’Ukraine dit poursuivre sa contre-offensive lancée il y a environ un mois et qui n’a pas permis de déclencher pour l’instant d’avancée décisive, et exhorte ses alliés occidentaux à hâter l’aide militaire promise, à l’approche d’un sommet de l’Otan à Vilnius. Le chef d’état-major américain Mark Milley, depuis Washington, a répondu que les Etats-Unis et leurs alliés faisaient leur possible pour envoyer ce dont l’Ukraine a besoin.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en recevant samedi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, avait critiqué les partenaires occidentaux de Kiev sur le rythme de mise en œuvre de la formation des aviateurs ukrainiens, habitués aux MiG et Sukhoï soviétiques, au pilotage des F-16. «Il n’y a pas de calendrier des missions d’entraînement. Je pense que certains partenaires traînent des pieds. Pourquoi le font-ils ? Je ne le sais pas», a-t-il dit.
Accord céréalier en question
Sur le terrain des exportations de céréales, l’ambassadeur russe aux Nations unies a déclaré ne pas voir «de raisons» de prolonger l’accord qui permet les exportations ukrainiennes malgré le conflit, et qui doit expirer en juillet.
Pour Guennadi Gatilov, l’accord conclu en juillet 2022 s’est détourné de ses visées humanitaires pour devenir «un projet commercial», fournissant principalement les «pays à revenu élevé», a-t-il déclaré dans un entretien au média russe Izvestia paru lundi. Et les couloirs «sont régulièrement utilisés par les Ukrainiens pour lancer des drones» militaires, a ajouté le diplomate. «Ce que nous voyons aujourd’hui ne nous donne pas de raisons d’accepter le maintien du statu quo.»
Le 21 juin, Kyiv avait dit ne pas être «très optimiste» quant à un éventuel renouvellement de l’accord, après que Moscou avait menacé une nouvelle fois de s’en retirer, estimant que certaines clauses n’étaient pas respectées.