Deux minutes. Voilà le laps de temps qui s’est écoulé mardi 3 septembre, à Poltava, entre le déclenchement des sirènes, à 9h08, signalant l’imminence de projectiles en provenance de Russie, et l’onde de choc qui a secoué la paisible cité, lorsque deux missiles balistiques de type Iskander se sont écrasés sur le massif bâtiment de l’Institut militaire de communication, et l’hôpital jouxtant, à 9h10 très précisément. Deux minutes, et des vies qui basculent, comme celle d’Irina, 42 ans, résidente d’un immeuble situé non loin de l’académie militaire. Un tour de cadran après l’heure fatale, elle erre comme une âme en peine sur le trottoir faisant face au bâtiment éventré, à la recherche de son mari, âgé de 49 ans, prénommé Vitaly.
«Mon époux a été mobilisé dans l’armée, et il y a juste une semaine, il a été envoyé en formation ici, renifle Irina, hagarde, entre deux sanglots retenus. Ce matin, j’ai entendu cette énorme explosion. D’abord, ça m’a paralysée, puis je suis venue ici, sur place, et j’ai commencé à chercher Vitaly. Nous n’avons aucune nouvelle, Nous nous sommes déjà adressés à tous les hôpitaux, on ne le trouve nulle part et son téléphone portable sonne dans le vide. Nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. Maintenant, nous attendons…» Irina et sa belle-sœu