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Sécurité internationale

Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron anticipe un «conflit prolongé» et veut organiser une conférence à Paris

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Lors de l’ouverture de la conférence de Munich ce vendredi, le président de la République a mis en garde la Russie et annoncé vouloir organiser une conférence sur la défense aérienne de l’Europe.
Emmanuel Macron s'est exprimé vendredi lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, ce vendredi. (Sven Hoppe/AP)
publié le 17 février 2023 à 16h40

Pendant que la colère s’amplifie en France contre la réforme des retraites, Emmanuel Macron se consacrait à la situation internationale ce vendredi. Le président de la République faisait partie des 150 dirigeants présents à la conférence de Munich, en Allemagne, pour évoquer la guerre en Ukraine. Lors de cette grand-messe de la sécurité internationale, le chef de l’Etat s’est exprimé à la suite de la symbolique prise de parole de Volodymyr Zelensky en début de conférence.

Après presque un an de guerre et des dizaines de milliers de victimes dans les deux camps, aucun signe d’apaisement n’est en vue sur le front des combats, qui s’enlisent notamment à Bakhmout, et les chances d’une résolution diplomatique au conflit sont quasi-nulles. «Aujourd’hui très clairement l’heure n’est pas au dialogue» avec la Russie, a reconnu Emmanuel Macron, après avoir longtemps tenté de conserver des canaux de discussion avec le président Vladimir Poutine, s’attirant parfois de vives critiques de pays européens, Ukraine en tête.

«Nous devons absolument intensifier notre soutien et notre effort pour aider à la résistance du peuple et de l’armée ukrainienne et leur permettre de mener la contre offensive qui seule permettra des négociations crédibles aux conditions choisies par l’Ukraine», a plaidé le chef de l’Etat français. Selon lui, la Russie «ne peut ni ne doit gagner cette guerre et l’agression russe doit échouer».

Emmanuel Macron s’est dit «prêt à un conflit prolongé» même s’il «ne le souhaite pas». «Mais surtout si nous ne le souhaitons pas, nous devons collectivement être crédibles dans notre capacité à durer dans cet effort», a insisté le Président. «C’est le seul moyen de faire revenir [Vladimir Poutine] à la table des discussions de manière acceptable». Selon lui, parler de négociations «ce n’est pas un esprit de compromission, c’est un esprit de responsabilité». «Cette paix sera d’autant plus possible et crédible si nous sommes forts aujourd’hui et si nous savons l’être dans la durée», a-t-il estimé.

Conférence sur la défense aérienne de l’Europe

Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé vouloir organiser à Paris une «conférence sur la défense aérienne de l’Europe», réunissant notamment l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne. Ce sommet «permettra d’aborder ce sujet sous l’angle industriel, avec la participation de tous les industriels européens qui ont des solutions à offrir, mais aussi sous l’angle stratégique et, je dirais peut-être, d’abord sous l’angle stratégique en incluant la question de la dissuasion» nucléaire, a expliqué le président français. De manière générale, il a appelé les Européens à «réinvestir massivement dans notre défense si nous, Européens, voulons la paix».

Dans le cadre de cette conférence de Munich, d’autres dirigeants ont redit aussi qu’ils soutiendraient les Ukrainiens avec leurs alliés «aussi longtemps que nécessaire». Alors que l’Otan redoute une prochaine vaste offensive russe, Olaf Scholz a de son côté appelé les pays occidentaux pouvant livrer des chars d’assaut à Kiev «à le faire vraiment», un ton inhabituellement critique de sa part. Le chancelier allemand a en effet tardé à donner fin janvier son feu vert à des livraisons de chars d’assaut par l’Allemagne mais aussi d’autres pays européens.

Intervenant plus tôt par une vidéo à distance, Volodymyr Zelensky a exhorté les dirigeants mondiaux à «accélérer» leur soutien militaire. «Nous avons besoin de vitesse. Vitesse pour conclure nos accords, vitesse des livraisons pour renforcer notre combat, vitesse des décisions pour limiter le potentiel russe. Il n’y a pas d’alternative à la vitesse, car c’est d’elle que dépend la vie», a-t-il relevé.

Dans ce contexte, «il n’y a pas d’alternative à la victoire de l’Ukraine. Pas d’alternative à l’Ukraine dans l’Union européenne. Pas d’alternative à l’Ukraine dans l’Otan», a lancé le chef de l’Etat ukrainien, prévenant que Vladimir Poutine pourrait poursuivre son offensive vers d’autres Etats de l’ex-bloc soviétique.

Mise à jour : à 18 h 16, avec davantage de précisions sur les propos tenus par Emmanuel Macron.