«Baisse-toi, idiot, tu vas te prendre une balle en pleine tête !» s’époumone un colosse surarmé en assénant une série de coups de crosse de fusil sur le casque d’un soldat ukrainien aplati dans un sous-bois, l’air terrorisé. Une salve de coups de feu claque dans l’air humide, puis l’explosion d’une grenade cloue le bec des rares oiseaux n’ayant pas encore déguerpi. «Evacuez les blessés, et plus vite que ça !» hurle un officier en lâchant une nouvelle rafale de kalachnikov. Trois fantassins hors d’haleine se jettent sur l’un de leurs camarades inanimé, le palpent afin de détecter une éventuelle hémorragie, puis l’exfiltrent difficilement vers l’intérieur d’un camp militaire entouré de hauts murs.
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Les détonations cessent, l’atmosphère se détend. L’exercice visant à simuler une embuscade tendue par des soldats russes est terminé. En sueur, la vingtaine de nouvelles recrues de l’armée ukrainienne retirent les casques, allument une cigarette et se jettent à la figure quelques vannes bien senties. «Dis donc, toi, rappelle-moi de ne pas me retrouver dans ton unité», s’esclaffe un ouvrier métallurgiste récemment mobilisé en direction d’un jeune épicier, tout aussi novice. Les rires sont sincères, mais les regards peinent à cacher l’angoisse qui tenaille chacun de ces hommes. D’ici quelques semaines, les balles et les grenades ne seront plus à blanc. Et de vrais ennemis remplaceront les instructeurs.
«Je sais que mes chances d’en réchapper sont faibles»
«Je ne suis pas naïf, si nous sommes-là, c’est pour mener la p